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SOUVENIRS
D'UN AMIRAL

SECONDE PARTIE
LES EPREUVES DU COMMANDEMENT

IV.
LA MARINE DE L’EMPIRE.



I.

Les cinq années pendant lesquelles il me fut interdit de prendre une part active à la guerre[1] furent marquées par deux funestes événemens : la bataille de Trafalgar et le combat de Santo-Domingo, la perte d’une flotte et celle d’une escadre. Quand je revins prendre ma place au milieu de mes camarades, les plus chers compagnons de mes jeunes années avaient disparu, moissonnés presque tous par le feu de l’ennemi. De nouvelles renommées commençaient à grandir, et la marine impériale essayait de renaître. La mort de l’amiral Latouche et le temps qui efface tout, jusqu’à la rancune des ministres, avaient désarmé les ressentimens de l’amiral Decrès. Dans les premiers jours de l’année 1808, je reçus l’avis officiel que mon échange était ratifié, et que l’empereur m’avait désigné pour commander le vaisseau le Dantzick, en armement au port d’Anvers. J’étais alors à Brest; je partis aussitôt pour ma nouvelle destination.

  1. Voyez les livraisons du 15 septembre, du 1er et du 15 octobre.