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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 18.djvu/923

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assauts des tempêtes, le talus extérieur devait avoir de quatre à cinq mètres de base pour un de hauteur; mais la détermination du relief qui remplirait cette condition était le secret de la mer, et les profils qu’on releva en 1792 montrèrent qu’on ne l’avait pas deviné. Elle ne s’arrête devant les sables ou les galets de ses rivages que quand elle leur a donné la courbure d’équilibre; elle ne pouvait pas se comporter autrement avec la digue. Suivant leur force et leur direction, les flots avaient, comme disent les matelots, agrafé toutes les pierres qui leur donnaient prise, et les avaient promenées de place en place jusqu’à ce qu’ils leur en eussent trouvé une où la force de stabilité fût supérieure à leur action. La forme de la digue différait déjà beaucoup, dès les premières années, de celle qu’on avait prétendu lui donner. Le résultat général du remaniement qui s’était opéré était l’élargissement de la base et l’abaissement de la hauteur; mais le talus n’était pas régulier, et sa courbure portait l’empreinte des variations réciproques des forces et des résistances qui s’étaient combattues. Une arête longitudinale faisait saillie à cinq mètres en contre-bas des basses mers de vive-eau. Au-dessous de ce niveau, le talus était de trois mètres de base pour un de hauteur, et en dessus de huit pour un. On concluait de cet état de choses que la force des lames mollissait au-dessous de l’arête par l’effet de la charge des couches d’eau supérieures et du frottement sur le fond, et que la rapide inclinaison de la base était le résultat de cette circonstance, combinée avec la tendance des matériaux les plus volumineux à rouler vers le bas du talus.

Une masse considérable de matériaux enlevée à la surface s’était portée, parallèlement à l’axe de la digue, vers les extrémités, et rangée autour des musoirs. Ce n’était pas encore là le dernier mot de la mer. En 1828 et 1829, le pied du talus s’était sensiblement avancé; l’angle que formaient trente ans auparavant à 5 mètres au-dessous du niveau des basses mers ces deux plans d’inclinaison s’était émoussé partout; il s’était même tout à fait effacé sur plusieurs points, et l’inclinaison générale du talus supérieur accusait 12 mètres de base pour 1 de hauteur. Le centre de la digue, sur lequel s’élevait le Fort-Napoléon, et où le passage des lames était par conséquent complètement intercepté, était chaussé d’un talus de sable de 2 mètres de hauteur, et la plus grande partie du talus pierreux était enduite d’une couche visqueuse de plantes marines et de coquillages. Les mesures prises montraient que les premiers calculs faits sur le volume du prisme correspondant au talus extérieur étaient de sept douzièmes au-dessous des exigences de la mer, et, si cette découverte n’était point heureuse au point de vue économique, elle enseignait en compensation que les conditions d’équi-