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est due à l’intrépide et patient explorateur, qui venait de prouver l’universalité de ses connaissances et l’élévation de son esprit. Le Voyage dans l’Amérique méridionale restera sans doute comme un des principaux monumens de la science du XIXe siècle. « Cet immense ouvrage, a dit M. Élie de Beaumont, présente dans son cadre presque encyclopédique une des monographies les plus étendues qu’on ait données d’aucune région de la terre. »


II.

La paléontologie[1] est l’étude des êtres dont les dépouilles sont enfouies dans le sein de la terre. On sait aujourd’hui que les animaux et les végétaux fossiles sont les représentans des générations qui se sont succédé à la surface du globe avant l’apparition de l’homme. On parvient même à distinguer dans l’histoire du monde plusieurs époques qui ont été caractérisées par des êtres spéciaux. Embrasser par la pensée l’immensité des âges, assister aux premières manifestations de la vie, voir des générations entières tour à tour paraître et s’éteindre, voilà une sphère nouvelle pour les naturalistes et les philosophes. Aussi Cuvier et Brongniart eurent à peine annoncé la paléontologie, que le bruit de leurs découvertes se répandit de toute part : l’étude des fossiles eut de nombreux adeptes, l’Angleterre surtout l’embrassa avec ardeur.

Lorsque d’Orbigny eut organisé la publication de son voyage en Amérique, il se voua tout entier à la paléontologie. Il s’appliqua principalement aux animaux inférieurs. Cuvier en France, Hermann de Meyer en Allemagne, Richard Owen en Angleterre, Agassiz en Suisse avaient beaucoup éclairé l’étude des êtres supérieurs. Ces derniers animaux, par leur taille et la complication de leurs organes, sont aux yeux des zoologistes les plus intéressans, mais ils sont les moins utiles aux géologues parce qu’ils sont les plus rares. Il y a quelques années, on a calculé le nombre des animaux fossiles, et, sur vingt-quatre mille, on a reconnu que dix-huit mille, c’est-à-dire les trois quarts, appartenaient aux animaux de dernier ordre (les mollusques et les rayonnés.)

Aucune collection paléontologique spéciale aux êtres inférieurs n’existait encore en France, lorsque d’Orbigny commença ses travaux sur les fossiles; il résolut d’en fonder une, et le succès couronna largement ses efforts. On doit s’étonner qu’un seul homme, réduit à des ressources modestes, ait pu réunir tant de richesses scientifiques. Cette collection n’a pas été dispersée, et une loi la conserve à la France. Le nombre des échantillons, d’après les rap-

  1. Voyez sur la Paléontoloie l’étude de M. Laugel dans la Revue du 15 mai 1856.