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pèces pour le paiement des transactions. Dans le XVIIe siècle, les banques d’Amsterdam, de Hambourg, de Nuremberg, de Rotterdam, de Stockholm, furent des banques de dépôt qui n’émirent point de billets et n’escomptèrent pas d’effets de commerce, mais qui facilitèrent les paiemens des particuliers, et eurent surtout pour but d’obvier à l’altération des monnaies par une sorte de monnaie idéale, inaltérable, qu’on appelait argent de banque. Les paiemens se firent à l’aide des transferts. En 1668, la banque de Stockholm, et, sous Guillaume III, la banque d’Angleterre, émettent des billets circulans. La charte de celle-ci, en date du 27 juillet 1794, consacre l’absorption de son capital par l’état et l’émission d’un nombre de billets représentatifs de ce même capital. Ces billets servent à l’escompte des effets de commerce que les private banks autorisées en Écosse et en Angleterre pendant le XVIIIe siècle prennent à la banque d’Angleterre, dont elles se font les succursales volontaires. A l’escompte des effets de commerce, les private banks joignent l’ouverture des crédits en compte et l’usage des dépôts à intérêts. C’est au commencement de ce siècle enfin qu’il faut rapporter la création des grandes banques du continent, banques de dépôt, de virement, d’émission et d’escompte, et la diffusion des établissemens privés qui en Angleterre et en Amérique ajoutaient à ces opérations celles des dépôts portant intérêt. En Angleterre, en 1826, l’acte de 1718, qui interdisait le commerce de banque à plus de six associés, est rappelé, et l’on voit se former toutes les joint-stock banks, dont le nombre s’est accru si rapidement qu’en Écosse seulement, de 1833 à 1836, elles se sont élevées de 34 à 80, et que de 1836 à 1847 elles ont porté le nombre de leurs comptoirs de 170 à 400, soit une succursale pour huit mille habitans. En 1848, l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande comptaient 277 banques de circulation et 1,354 bureaux d’émission.

Ainsi chaque siècle avait vu une transformation opérée dans le régime des banques, et à chaque transformation un nouveau besoin satisfait. Le crédit, c’est-à-dire la confiance, venait de plus en plus en aide au travail, et le rendait plus fécond; en d’autres termes, le crédit se distribuait à de nouvelles formes du travail même. On a longuement discuté sur la question de savoir si le crédit créait ou non des capitaux; on a divisé le crédit en crédit réel, c’est-à-dire reposant sur des produits réalisés, et crédit personnel, c’est-à-dire constituant une avance au profit du travail futur. Si le crédit ne crée pas des capitaux en ce sens que celui qui emprunte prend le capital à une autre personne, il n’est pas moins vrai que celui qui emprunte un capital, pour l’employer productivement, à une personne qui le laissait oisif augmente la masse productive sans rien retrancher de ce qui existe déjà. Sous ce rapport, le crédit,