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Jusqu’à ces derniers temps, ils n’avaient pas cherché à élever des fortifications coûteuses pour protéger des positions qui n’offrent pas par elles-mêmes un grand degré de force. Des casernes défensives avaient seulement été construites dans les villes pour maîtriser la population et offrir une retraite assurée aux garnisons. Le château de Milan ne peut avoir une autre destination, et il ne saurait résister à une attaque soutenue par du canon. Celui de Brescia, capable d’une forte défense devant un mouvement populaire, devrait céder à un siège de quatre ou cinq jours. Bergame a une vieille enceinte à tours datant du moyen âge et d’assez peu d’importance. Pizzighitone seule est fortifiée et garde un passage important de l’Adda; mais cette ville n’est pas sur la route principale de Milan, et ne pourrait que gêner la marche d’une armée envahissante, sans la forcer à s’arrêter; elle serait aisée à masquer par un corps de troupes, et tomberait au moyen d’un simple blocus. Dans le cas d’un retour offensif au contraire, elle aurait une action plus grande en ce qu’elle assurerait sans conteste le débouché des troupes autrichiennes sur la rive droite de l’Adda. Voisine de Crémone et de Plaisance, elle peut aussi former avec ces deux villes un système favorable dans certaines circonstances aux opérations militaires. Depuis le commencement de l’année 1859, l’armée autrichienne a été massée sur les bords du Pô et du Tessin, beaucoup de retranchemens ont été élevés le long de ces fleuves, aux abords des ponts principalement, et on a cherché à faire de Pavie la place centrale qui pourrait servir d’appui aux réserves. D’après la nature des approvisionnemens que l’on y rassemble, on peut même supposer que les vues se sont agrandies, et qu’on a l’intention d’en faire une place de dépôt et une base d’opération pour le cas éventuel où la guerre serait portée dans le Piémont et où l’on aurait à faire le siège d’Alexandrie. Les travaux de Pavie, avec quelque activité qu’on les ait poussés, ne sauraient lui donner la valeur d’une place fortifiée régulièrement, et tout en assurant un appui important à l’armée autrichienne, cette ville n’opposerait pas un obstacle considérable à l’invasion de la Lombardie. Toute la région d’ailleurs qui s’étend du Tessin au Mincio, sans être défavorable à la défensive, ne lui offrirait pas des avantages très marqués; aussi ce n’est pas là que l’on s’est proposé de disputer sérieusement la possession du pays.

L’état-major autrichien a fait une étude très approfondie de la campagne de 1796. Les grands succès des armées françaises, le facile investissement de Mantoue, le parti que le général en chef a su tirer des restes de la fortification de Vérone, et les nombreux combats qui se sont livrés autour de cette ville, ont surtout attiré son attention. Il a pensé que là était la position stratégique impor-