deux villes. On comprend aisément quelle sécurité posséderait une armée ainsi placée entre deux rivières et quatre places fortes, ne redoutant d’être tournée ni au nord à cause des montagnes, ni au sud, où sont des marais qui se prolongent jusqu’à la mer. Elle pourrait se porter en peu de temps sur les points menacés, n’accepter de combats que lorsque l’occasion lui semblerait favorable, et dans les circonstances contraires ou après un échec se retirer sous la protection des places fortes. C’est là qu’en 1848 se sont arrêtés les succès du roi Charles-Albert. Après la prise de Peschiera, il dépassa un moment le Mincio pour aller se placer sur les hauteurs de Rivoli; mais, sentant bientôt le danger d’une situation aussi isolée, il se replia derrière la rivière, et ne put même opérer ce mouvement assez vite pour éviter un échec.
Les quatre places qu’on vient de nommer n’ont pas toutes la même importance, quoique ; toutes aient reçu des améliorations depuis 1830 et quelques-unes même très récemment. Peschiera est une petite ville située dans une île que forme le Mincio à sa sortie du lac de Garde. A l’époque des guerres de la république, sa fortification ne consistait qu’en(un pentagone bastionné. Il n’y a été fait que peu de chose pendant la domination française. Un mamelon qui domine la rive gauche de la rivière, appelé la Mandella, a reçu trois lunettes disposées comme un ouvrage à couronne dont les courtines manqueraient. Un large fossé naturel, précédé d’un glacis à contre-pente, les protège d’une manière d’autant plus avantageuse, que ces ouvrages, élevés à la hâte, ne paraissent pas occuper le terrain de la manière la plus favorable. Sur la rive droite du Mincio, un ouvrage assez vaste, le Salvi, couvre les abords immédiats de la rivière. Depuis 1848, les Autrichiens ont reporté très loin de l’île les limites de la défense; huit lunettes analogues à celles de la Mandella pour la forme et très judicieusement placées couronnent une légère ondulation du terrain. Elles se composent d’un réduit voûté à l’épreuve de la bombe, pouvant au besoin porter de l’artillerie sur sa terrasse et entouré d’un parapet en terre que protège un mur crénelé dans le système préconisé par Carnot et accueilli avec faveur par les ingénieurs allemands, tandis qu’en France l’opinion de son propre corps s’est prononcée contre cette innovation. L’ensemble des ouvrages qui entourent le camp retranché que l’on retrouve accolé à toutes les grandes forteresses construites par l’Autriche peut recevoir une forte division; mais à cause de leur disposition les lunettes se soutiennent mal entre elles, la prise d’une seule entraînerait rapidement la perte des autres, car les réduits à l’épreuve de la bombe qui en forment la gorge n’ont pas leurs murs à l’épreuve du canon, et par suite de leur isolement chacune a besoin