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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 20.djvu/88

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vaient fait présager la sagesse et le sens pénétrant de l’écrivain. Nous allons, malgré la tristesse qu’inspire ce spectacle, constater dans la carrière du député les résultats de cette même influence. Le Piémont n’avait plus rien à espérer de la cour de Rome. Il ne ressentait pas d’animosité contre elle; mais il était résolu à ne pas sacrifier aux influences dont elle était l’instrument les réformes que réclamait l’organisation laïque de l’état. La paix avec le saint-siège était généralement désirée; mais on voulait que cette paix fût conclue de puissance à puissance, que l’église cessât d’absorber le domaine civil, et que la société civile fût enfin constituée sur ses bases propres tout en formant des liens avec la société ecclésiastique. Or l’église est tenace, et les délimitations de terrains sont avec elle des opérations difficiles. Le Piémont vit bientôt que la cour de Rome le traitait en ennemi. Accoutumé à une politique de termes moyens, dérouté par la netteté des oppositions qui se déclarent, incapable de prendre parti pour le roi contre le saint-siège ou pour le saint-siège contre le roi, César Balbo ne prêche que fantastiques unanimités et temporisations accommodantes. Il a été tellement frappé des malheurs causés en 1848 par la désunion des Italiens, qu’il ne veut plus que l’union partout. Il demande du temps, toujours du temps. Il veut qu’on attende un consentement hypothétique de Rome pour organiser l’état sur les bases constitutionnelles, pour établir l’égalité des citoyens même ecclésiastiques devant la loi, pour conférer à la loi civile une compétence qui lui appartient naturellement sur les contrats matrimoniaux. L’esprit vraiment élevé des derniers ouvrages de Balbo témoigne néanmoins qu’il ne se fait pas illusion sur la part laissée au saint-père par la force des choses dans les destinées de l’Italie nouvelle. Il prêche la concorde par amour de la paix, mais jamais il ne conteste la légitimité absolue des réformes, et quelque inopportune qu’il juge la revendication des droits de l’état, jamais il ne soutient que ces droits aient pu être cédés à l’église valablement et ta perpétuité, jamais il ne conteste le principe inviolable de l’inaliénabilité du droit public. Seulement il s’étudie à empêcher qu’on ne rompe avec le pape; il voudrait que la différence des deux gouvernemens n’altérât en rien leurs rapports amicaux; il s’interpose dans toutes les contestations et se préoccupe de concilier tout le mande. C’est un excellent député du centre.

Le 28 février 1849, à la chambre des députés, il était question d’insérer dans la réponse au discours de la couronne quelques mots sur la république romaine. La commission proposait cette phrase : « Nous avons confiance que le gouvernement voudra s’unir aux peuples italiens, quelle que puisse être, par suite des changemens récens, la forme des gouvernemens qui les régissent, et que, recon-