Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

circulaire autour de l’axe de rotation de la masse entière, cette force a nécessairement modifié la forme générale. Les molécules se trouvant entraînées loin du centre dans leur mouvement autour de l’axe, il a dû en résulter un renflement vers l’équateur et un aplatissement aux pôles. La terre s’est ensuite arrêtée à une figure d’équilibre telle que la résultante de l’attraction exercée par la masse entière sur une molécule située en un point quelconque de sa surface et de la force centrifuge dont était animée cette molécule fut dirigée perpendiculairement à la surface en ce point. Une figure ainsi engendrée forme un sphéroïde de révolution aplati ayant pour axe de figure son axe de rotation. Or cette apparence sphéroïdale est précisément celle que nous offre la terre.

L’induction et l’observation conduisent donc également à supposer qu’il fut un temps où l’écorce terrestre était moins épaisse qu’aujourd’hui. La terre s’est refroidie lentement, car c’est le refroidissement qui seul a pu amener la solidification de la croûte externe. Les couches superficielles, en rayonnant vers les espaces célestes, ont perdu cette énorme température qui les tenait dans un état de fluidité jusqu’à ce qu’à cette période de refroidissement graduel en ait succédé une autre d’équilibre stable, ou du moins dans laquelle le refroidissement n’est pas sensiblement appréciable, le soleil rendant à la terre presque toute la chaleur qu’elle perd.

Si notre globe a jadis été une masse fluide, son volume devait être plus grand que celui qu’on lui trouve aujourd’hui. On a vu tout à l’heure que l’atmosphère était plus haute : réunie à la terre, elle constituait une planète d’un plus grand diamètre, et dès lors son mouvement de rotation devait être un peu moins rapide, car on sait que la vitesse de rotation de la terre est en raison inverse de son volume. Ainsi les premiers jours de la création étaient plus longs que les nôtres, et notre planète, à ses débuts, devait se rapprocher de Mars, dont la période de rotation diurne dépasse un peu vingt-quatre heures.

On ne saurait encore raconter les phases que la terre a traversées en passant de l’état de masse gazeuse à celui d’un sphéroïde solide à sa surface. Ce n’est que par induction qu’il est possible d’arriver à quelques vues d’ensemble sur ce sujet. M. Hermann Burmeister, dans son Histoire de la Création, dont le succès a été grand en Allemagne, essaie de reconstruire cette embryogénie curieuse que la géologie n’a point encore abordée. Si l’on admet l’existence primordiale d’une masse gazéiforme, on doit supposer qu’elle présentait dans son intérieur une température suffisante pour vaporiser toutes les substances qui sont actuellement à l’état solide. Un premier abaissement de température en certains points de la masse amena