Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

stance la plus répandue dans la croûte terrestre est l’acide silicique, dont l’oxygène est un des élémens; puis vient la chaux carbonatée, autre composé de l’oxygène; après quoi se placent les silicates d’alumine, de potasse, de soude, et leurs composés avec la chaux, la magnésie et l’oxyde de fer, toutes substances dont l’oxygène est un des principes constitutifs, et où il se présente souvent à la fois dans chacun des composans. L’extrême tendance qu’a l’oxygène à s’unir avec tous les métaux dut avoir pour conséquence la formation très ancienne d’acides ou d’oxydes. L’état de mollesse des parties du globe facilitait encore ces combinaisons, qui ont dû même se produire entre les vapeurs métalliques et l’oxygène, et grossir ainsi le noyau terrestre.

Tandis que la croûte extérieure se refroidissait, l’épaississement des couches refroidies les rendait plus lourdes, elles s’enfonçaient, laissant monter à la surface des parties moins denses qui s’épaississaient bientôt et s’enfonçaient à leur tour. Entre les plus anciens produits de cette solidification primordiale se rangent incontestablement les silicates, combinaison de l’acide silicique, autrement dit de la silice, avec des alcalis. Ces derniers avaient dû les précéder dans l’ordre de formation, et leur abondance dans la terre montre suffisamment leur antiquité. En agissant comme élémens électro-positifs sur la silice, qui jouait le rôle d’élément électro-négatif, ils donnèrent naissance aux silicates, ces grands sels terrestres, déposés en quelque sorte par la masse fluide, et dont les agrégats ont formé nos terres. M. Burmeister a suivi, en s’aidant des faits observés et en les agrandissant par l’imagination, la formation des roches. Il a montré les différens corps solides prenant graduellement naissance sous des actions de plus en plus complexes, et, à l’aide de l’analyse chimique, il a refait la synthèse du globe. Néanmoins il est permis de croire que M. Burmeister est allé un peu vite en cosmogonie, et l’on doit au moins attendre pour écrire la genèse scientifique, que MM. H. Sainte-Claire Deville et Daubrée aient complété les beaux travaux par lesquels ils arrivent à refaire plusieurs des substances dont se compose la croûte terrestre. Tandis que MM. Sainte-Claire Deville et H. Caron fabriquent de toute pièce au fond de leur creuset le corindon blanc, le rubis, le saphir, la zircone, le cymophane, la staurotide, et diverses espèces de silicates répandues dans les roches terrestres, M. Daubrée nous montre le quartz se formant au moyen d’un silicate alcalin par l’action de la chaleur, le feldspath naissant de la présence de l’alumine dans les composés siliceux, le pyroxène diopside (silicate double de chaux et de fer) résultant de la décomposition du verre en présence de l’oxyde de fer, et en général les silicates composant