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nérosité l’instruction, qu’elle croit indispensable pour former des citoyens, mais laisse à l’initiative des individus et des associations le soin de compléter l’éducation de ceux qui, en sortant de ses écoles, ne sont pas tenus de demander leur subsistance à un travail immédiat. Pourtant, de même que nous avons vu Boston compléter son système d’éducation publique par la fondation de hautes écoles, la plupart des villes de la Nouvelle-Angleterre ont créé, sous le nom d’académies, des établissemens d’un ordre analogue, destinés à ceux qui ne peuvent suivre les carrières libérales et entrer dans les universités. Néanmoins les principes qui régissent les écoles proprement dites et les académies publiques sont bien différens. La taxe des écoles est obligatoire ; si un bourg ne s’impose pas volontairement pour entretenir l’école, l’état l’impose d’office et substitue son action propre à l’action communale : c’est un cas, il faut le dire, qui ne se présente jamais ; mais le droit de l’état subsiste dans toute sa rigueur. Ce caractère d’obligation disparaît dès qu’il s’agit de fonder non plus des écoles, mais des académies publiques : c’est le vœu général qui décide en cette matière ; dans le cas où il est favorable à la création d’un pareil établissement, la minorité opposante subit les taxes que la majorité lui impose. Si donc nous voulions résumer en quelques mots les principes sur lesquels est fondée l’éducation primaire en Amérique, nous dirions qu’à un degré supérieur l’éducation est purement communale et se règle par la volonté seule des individus, qu’au degré inférieur l’éducation est obligatoire, et qu’alors la commune n’est que le représentant, l’organe de l’état.

En dehors des écoles primaires et des académies libres, l’action collective de la société cesse de se manifester ; au moins elle n’intervient jamais pour imprimer à l’éducation des tendances ou une direction particulière et ne se révèle que dans les libéralités de quelques états envers des établissemens privilégiés. Les collèges et universités des États-Unis sont presque tous calqués sur le modèle des fameuses universités anglaises : si grande est la puissance des souvenirs, qu’une nation profondément démocratique a copié presque servilement l’organisation surannée qui se conserve encore à Oxford et à Cambridge comme un monument de la fidélité du peuple anglais à ses institutions traditionnelles. Quelques-unes des universités américaines sont d’ailleurs antérieures à la séparation des colonies anglaises de la métropole : la célèbre université de Harvard à Cambridge, dans le Massachusetts, et celle non moins fameuse de Yale, dans le Connecticut, fondée en 1700 à Saybrook et transportée en 1716 à Newhaven ; le collège de William et Mary, fondé en 1691 par la secte des baptistes dans l’état de Virginie, et le collège de New-Jersey, établi en 1746 à Élisabeth-Town et plus tard transporté à Princetown. En lisant les programmes de l’université de Harvard,