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on croit presque lire ceux d’une université anglaise, et on y retrouve les noms de gradués, sous-gradués, juniors, seniors, etc. Pourtant les universités des États-Unis diffèrent essentiellement des fameuses universités de la Grande-Bretagne en ce qu’elles ne jouissent point de ces puissantes fondations destinées à fournir des revenus perpétuels à un certain nombre d’hommes attachés aux universités sous le nom de fellows et voués exclusivement aux études savantes. L’institution des fellowships n’a guère survécu en Amérique à la crise qui a détaché les États-Unis de l’Angleterre. Les universités anglaises continuent à nourrir, dans une paisible et monastique aisance, un peuple studieux qui n’a rien à demander à la politique, rien à mendier auprès du public, et n’a d’autre charge que de perpétuer dans la tradition du pays le goût des études classiques et savantes. En Amérique, on ne s’arrête pas dans les universités, on les traverse ; la véritable éducation s’y acquiert dans le mouvement même d’une société active et fiévreuse, qui a besoin de chacun de ses membres et ne permet à aucun d’eux le repos. L’action est le premier besoin d’un peuple jeune et ambitieux ; c’est l’action que chante la poésie elle-même par l’éloquente voix de Longfellow.

Après avoir observé dans les écoles de Boston l’organisation de l’instruction primaire en Amérique, il faut, si l’on veut y apprécier la situation de l’instruction secondaire, examiner l’organisation et les règlemens généraux de l’université du Massachusetts, qui est, avec celle de Yale, la plus renommée de l’Union. L’université de Harvard a pour siège Cambridge, petite ville située à trois milles environ de Boston. Les étudians y sont divisés en deux catégories, les sous-gradués (under graduates), ou élèves du collège proprement dit, et les étudians (professional students) qui suivent les cours professionnels des écoles de droit, de médecine et de théologie.

Les élèves du collège, qui en 1855 étaient au nombre de 357, sont divisés en quatre classes, qui correspondent à quatre années d’études ; ils portent les noms de freshmen, sophomores, juniors, seniors. La première année d’études est consacrée au grec, au latin, à l’histoire de la Grèce, à la géométrie et à la trigonométrie ; les sophomores, étudient en outre la langue française, la rhétorique, la chimie, quelques parties spéciales des mathématiques ; les juniors apprennent, tout en continuant le latin et le grec, la philosophie, l’histoire d’Angleterre, les élémens de l’astronomie, la physique ; les seniors reçoivent des leçons sur les constitutions américaine et anglaise, sur l’économie politique, l’histoire des États-Unis, la rhétorique, la déclamation, la physique[1].

  1. Les dépenses annuelles d’un élève du collège s’élèvent en moyenne à 1,245 francs ; cette somme comprend les frais de l’éducation, le prix de la nourriture et du logement dans les familles autorisées par l’université à recevoir les élèves comme pensionnaires.