qui est un sacrifice pour le présent, et par cela même exprime l’adhésion la plus péremptoire de la nation qui l’accepte à la politique qui le rend nécessaire, à l’impôt temporaire, qui n’aliène ni la liberté ni la richesse de l’avenir. La réserve que nous exprimons ici sur la façon dont les ressources de la France doivent être appliquées à la guerre ne saurait avoir de portée pratique dans le moment présent ; mais il serait à souhaiter qu’elle pénétrât dans l’esprit public et dans les régimes politiques élevées pour fortifier encore les principes et les intérêts qui nous commandent la modération dans la guerre actuelle et nous pressent de l’abréger, si cela dépend de nous.
Après la France, notre premier souci dans cette entreprise doit être pour l’Italie. Si, après la victoire, l’Italie ne s’était pas constitué une force militaire suffisante pour défendre son indépendance et pour protéger l’ordre et la sécurité des gouvernemens réorganisés au sein de la péninsule, c’est vainement que nous aurions vaincu l’Autriche ; notre œuvre aurait avorté. Il faut donc avant tout que l’Italie profite de la guerre pour constituer sa future armée ; il faut que de toutes les parties de la péninsule les Italiens s’associent à la guerre de l’indépendance. L’on irait, suivant nous, contre le but de la lutte actuelle, si, dans la crainte d’encourager les tendances unitaires. Ton reculait devant les moyens nécessaires pour former une véritable et forte armée italienne. Ces moyens, nous sommes forcés de le reconnaître, sont révolutionnaires. Rien de plus irrégulier assurément que ces circulaires de Garibaldi qui, donnant une direction à l’enthousiasme national, ont appelé autour, de lui de si nombreux volontaires. Le général Garibaldi nous paraît être pénétré de la nécessité de mettre à profit une occasion unique pour organiser une grande force italienne. Il soumet, dit-on, ses volontaires à une discipline rigoureuse, et l’on raconte à Turin qu’il n’a pas hésité à faire passer par les armes des soldats et même des officiers de son corps qui ne voulaient pas se plier à ce grand devoir de patriotisme. Mais la nécessité révolutionnaire par excellence de la situation est celle qui oblige les populations à se soulever contre ceux des gouvernemens italiens qui refusent de s’unir à la cause nationale. C’est ce qui est arrivé en Toscane. Hâtons-nous de dire que la façon dont s’est accompli dans ce clément pays le changement de gouvernement est d’un heureux augure pour la révolution italienne. Il nous faut ordinairement trois jours, à nous autres Français maladroits, pour faire une révolution : quatre heures ont suffi aux Florentins pour déposer leur grand-duc. L’excellent marquis de Lajatico, don Neri des princes Corsini, a déjà écrit cette histoire de quatre heures : Storia di quattro ore. Ce récit est contenu dans une simple lettre adressée à son fils le duc de Casigliano à Rome. Il est complété par une Brere Nota du marquis Ridolfi. Voici ce que nous ont appris ces écrits et quelques correspondances particulières. Les Toscans, avec le patriotisme qui sied si bien à cette partie privilégiée de l’Italie, voulaient s’associer à la guerre de l’indépendance : ils demandaient l’alliance avec la France et le Piémont. Le grand-duc, trompé par les souvenirs de 1848 et par les liens de sa maison avec l’Autriche, voulait s’en tenir au système de la neutralité, et ses ministres à ce propos signalaient ingénument l’exemple de l’Angleterre ; mais l’agitation de la population, manifestée par d’éloquens écrits dont nous avons déjà parlé et par les