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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/917

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peuvent être faites dans la succession des terrains pour des classes zoologiques d’un ordre inférieur. Si aux époques primitives, ou, comme disent les naturalistes, palaeozoïques, les mollusques brachiopodes ont offert des formes plus nombreuses qu’on ne les a jamais rencontrées depuis, si les céphalopodes tentaculifères, dont on ne connaît aujourd’hui qu’un seul représentant, le nautile, fourmillaient, à la même époque, c’est que l’état des choses est devenu de moins en moins propre au développement et à la propagation de ces invertébrés ; les régions marines dans lesquelles ils pouvaient vivre, les conditions particulières d’existence qui leur étaient nécessaires se limitèrent, et, qu’on nous passe le mot, se raréfièrent de plus en plus. La terre n’offre donc pas une faune ou une flore analogue à la nôtre pendant les dernières époques, et cela, non par une loi de convergence vers un type de perfection auquel nous serions arrivés, mais simplement parce que les révolutions géologiques l’ont graduellement amenée à être ce qu’elle est aujourd’hui.

La relation qui existe entre les milieux et les êtres qui s’y développent enlève beaucoup d’intérêt et d’importance à une question que se sont bien souvent posée les naturalistes, à savoir s’il y a eu un ou plusieurs centres de création. La région où chaque espèce animale ou végétale a primitivement existé ne saurait être connue exactement ; même depuis que les plantes et les animaux sont tels qu’ils existent aujourd’hui, il y a eu des phénomènes d’émersion et de submersion qui ont modifié la distribution des terres, des altérations climatologiques qui ont contraint certaines espèces d’émigrer dans des contrées mieux adaptées à leur genre de vie, qui les ont cantonnées dans des régions plus étroites et plus circonscrites. Devant cette loi, qui confirme que là où les conditions propres à telle espèce se sont produites, cette espèce est apparue, il est assez indifférent de savoir s’il y a eu un ou plusieurs centres de formation. Pour répondre d’ailleurs à cette question, il faudrait posséder la carte détaillée de la terre aux diverses périodes et la série rigoureuse des révolutions qu’elle a traversées. Plusieurs centres de création ont pu exister pour une espèce, si plusieurs régions ont offert en même temps des conditions biologiques identiques pour cette espèce ; cela doit nous suffire. Mais chaque espèce a-t-elle toujours commencé par un seul individu, ou, s’il s’agit d’espèces dont les sexes sont séparés par un seul couple d’individus ? Question difficile, et à laquelle on ne saurait répondre d’une manière péremptoire. Les changemens qu’a subis la configuration des continens s’opposent à ce qu’on puisse percer le mystère de la distribution des espèces. Toutefois on peut encore donner ici la même réponse que précédemment et raisonner d’après le même principe. Telles plantes, tels animaux ayant apparu dès que les conditions qui les faisaient vivre se