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qui sont la gloire et le caractère des temps modernes. Aujourd’hui nous sommes arrivés à la dernière limite du mouvement qui commençait alors; nos pères avaient devant eux les perspectives de l’inconnu qui s’entr’ouvre, l’espérance et l’imagination qui souvent vont au-delà des réalités : nous, pour notre part, nous avons la curiosité satisfaite; nous avons pour ainsi dire dressé le bilan de notre monde, et de quelque côté que nous nous tournions, vers les pôles ou vers l’équateur, la terre interrogée a été forcée de répondre; il ne nous reste plus qu’à organiser nos conquêtes et à tirer parti des diverses ressources de notre globe.

On s’explique facilement, au milieu de telles circonstances, l’extrême faveur qui entoure aujourd’hui les études géographiques, surtout depuis que, remplissant mieux les promesses de son nom, la géographie est une description véritablement intéressante de la terre, et s’élève à l’étude philosophique des progrès, des ressources et de l’avenir des régions et des peuples. Une des branches de cette science, la cartographie, a pris depuis dix ans un développement considérable; il n’est personne qui n’aime à se promener par l’imagination, en attendant mieux, dans les pays lointains, à rendre précise devant ses yeux la place des noms nouveaux qui ont frappé son oreille. Ces tableaux qui, dans l’espace de moins d’un mètre, résument la configuration de vastes contrées, savent transporter à des centaines de lieues nos pensées, nos affections ou nos souvenirs. De là ce nombre considérable d’atlas et de cartes de toute nature qui ont été et qui sont encore publiés en Allemagne, en Angleterre et en France. C’est surtout à la cartographie physique qu’appartient l’atlas que nous avons en ce moment sous les yeux ; l’auteur s’est proposé d’expliquer par la topographie les événemens militaires, et il a dressé dix-huit cartes, sur lesquelles on peut, de l’Elbe à l’Egypte et à l’Inde, suivre les opérations de la stratégie moderne. Elles sont claires et faciles à consulter, mais quelquefois aussi un peu sobres d’indications. La carte politique de la France, de l453 à 1789, embrasse dans un même cadre un espace de temps bien vaste et marqué par bien des changemens. Ce n’est pas une période, mais un moment précis qu’il faut indiquer sur une carte; il est vrai que, dans des notes explicatives, l’auteur résume la marche des faits et les vicissitudes historiques dont le sol a été témoin. Nous l’engagerons à ajouter quelques noms de lieux à sa carte de l’Italie du nord pour en faire un bon théâtre de la guerre, et en somme nous avons de sincères éloges à donner à cette publication, qui sert utilement la géographie en plaçant une série de cartes bien choisies sous nos yeux.


ALFRED JACOBS.


V. DE MARS.