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fâcheuse influence surtout parce qu’on les connaît peu. Il sera donc utile de les signaler ici, d’autant plus que d’heureux exemples de pratiques contraires ont déjà éclairé la population à ce sujet.

Jusqu’à ces derniers temps, le prix du chocolat destiné à la consommation la plus générale était trop élevé, ou sa qualité laissait tellement à désirer, que les produits livrés à bas prix étaient plus propres à repousser les consommateurs qu’à populariser l’usage de ce précieux aliment. Deux causes en dehors des cours de la matière première et des droits d’entrée qui en élèvent la valeur vénale contribuaient surtout à ces fâcheux résultats. En vue d’intéresser la foule des vendeurs détaillans à prôner le produit alimentaire et à persuader les acheteurs, les fabricans offrirent à ces nombreux intermédiaires des remises si considérables, qu’elles s’élevèrent souvent au quart et au tiers de la valeur du produit. En tenant compte du bénéfice légitime, parfois aussi un peu exagéré, que retiré le fabricant, il était facile de reconnaître que le produit ne pouvait arriver dans les mains du consommateur qu’à un prix plus que double de sa valeur réelle, et dès lors la vente en était ralentie. Depuis plusieurs années, quelques fabricans habiles et consciencieux, éclairés d’ailleurs sur leurs véritables intérêts, ont réduit à de justes limites les remises aux intermédiaires ; afin de s’affranchir des conséquences de leur mécontentement, ils ont livré directement eux-mêmes leurs produits, préparés dans les meilleures conditions économiques, aux consommateurs, qui par degrés ont enfin pu reconnaître une amélioration notable dans la qualité du produit coïncidant avec l’abaissement du prix. Dès lors les débouchés se sont étendus, de même que l’on a vu la consommation du sucre s’accroître lorsque plusieurs des principaux raffineurs de Paris, réduisant les remises aux marchands intermédiaires, ont fixé les cours en livrant eux-mêmes directement aux consommateurs des quantités peu considérables.

Une des nécessités de cette industrie, mais en même temps une des meilleures garanties de ses progrès durables, c’est aujourd’hui de réunir à la fabrication du chocolat le commerce de la vente au détail, de s’entourer ainsi d’une clientèle confiante ajuste titre, et enfin de réaliser ces avantages importans sans anéantir le commerce des intermédiaires. Les fabricans dont nous parlons, en même temps qu’ils accordaient à ceux-ci une remise convenable, ont donné mie utile garantie aux acheteurs en caractérisant leurs produits par une marque de fabrique ; ils ont assumé ainsi la responsabilité de leurs œuvres, tout en profitant de la réputation graduellement acquise à leurs établissemens par ces pratiques loyales. Grâce à cette méthode nouvelle, ils ont commencé à s’affranchir des frais énormes que supportent, en les faisant supporter aussi aux