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s’extasie sur les décors splendides du Sardanapale de Byron (repris ou ravivé en 1853), lorsqu’il évoque l’esprit de Byron (à l’aide d’une table tournante) pour lui montrer le banquet assyrien, exécuté par le metteur en scène de Princess’s Théâtre « d’après les découvertes récentes de M. Layard à Ninive, » quand il consacre des pages entières à décrire soit les pompes de l’entrée de Bolingbroke à Londres (Richard II), soit le banquet somptueux de Wolsey [Henry VIII), soit les trente-six jeunes filles— toutes d’une beauté splendide ! — qui, en costume de guerre, dansaient la pyrrhique dans la fête syracusaine du Winter’s Tale, nous avouons que son ravissement ne nous gagne point. Quant aux fly leaves de Charles Kean, elles nous ont fait passer quelques bons momens auxquels nous voudrions associer nos lecteurs.

La mode récente de la fly leaf (feuille volante) consiste en ceci. Au play-bill, ou programme ordinaire de la pièce, est joint un carré de papier sur lequel le directeur a fait imprimer les explications, les commentaires qu’il croit propres à édifier le public et à prévenir entre eux tout malentendu. C’est, en d’autres termes, une façon de régisseur, tirée à quelques milliers d’exemplaires, et qui, sur papier vélin, vient énumérer au parterre, capable de n’y prendre pas garde, les efforts qu’on a faits pour l’instruire tout en l’amusant. Qu’on nous permette, cette explication donnée, d’extraire quelques fragmens de ces documens vraiment originaux.

Il s’agit d’expliquer les costumes à carreaux attribués aux Écossais du temps de Macbeth.


« Il paraît certain, dit la fly Ieaf, que les tribus celtiques portèrent, dès les temps les plus reculés, des lainages et des draps rayés de couleurs diverses. Diodore de Sicile et Pline mentionnent cette particularité dans la description qu’ils font du costume des Gaulois belges. Strabon, Pline et Xiphilin attestent que les vêtemens de Boadicée, reine des Icènes, était à damier, de couleurs très diverses, y compris la pourpre, le rouge clair et foncé, le violet et le bleu. Il y a tout lieu de penser que les armes offensives et défensives du temps de Macbeth étaient richement ouvrées. Harold Hardrada, roi de Norvège, est décrit par Snorre, dans le récit de la bataille livrée en l’an 1066 de l’ère chrétienne à Harold II, roi d’Angleterre, comme portant une tunique bleue et un casque ou heaume magnifique… »


Suit la description détaillée des cottes de mailles que portaient les guerriers norvégiens, notamment le vaillant Thorlef, un des jeunes héros de l’Eyrbiggia Saga. Sur l’antique Assyrie, la fly Ieaf n’est pas moins bien renseignée que sur la mythologie norse ou scandinave. Le British Museum lui a livré ses trésors. Elle raconte la montagne de Nimroud, et n’appelle plus Sardanapale que « le