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seront suffisamment contrôlés et généralement connus, il sera possible de formuler des lois plus conformes aux prescriptions de la justice et plus favorables à la production de la richesse. Ces enquêtes, faites avec soin tant à l’intérieur qu’au dehors, permettront à chaque nation de se rendre un compte précis de ce qu’elle peut espérer et de ce qu’elle doit craindre ; elles révéleront les causes des progrès accomplis, elles montreront l’effet des règlemens en vigueur, elles feront connaître quelle est la répartition de la terre et de ses produits qui est le mieux en harmonie avec les droits de tous et la plus utile au bien-être général.

L’agriculture lombarde a été l’objet en Italie de beaucoup d’ouvrages estimables ; mais s’ils jetaient d’utiles lumières sur certaines branches de la production rurale, ils étaient en général trop incomplets pour permettre d’embrasser le sujet dans son ensemble. Quelques livres récens sont venus combler cette lacune, et parmi ceux-ci on doit citer en première ligne celui de l’agronome allemand Burger et le volume publié par M. Stefano Jacini en 1857. Ce mémoire, couronné par l’académie de Milan et accueilli avec faveur par le public, fait connaître dans tous ses détails les conditions économiques d’un pays intéressant à étudier en tout temps, mais qui l’est plus encore au moment où il va faire partie d’un nouvel état. Dans son excellent travail, M. Jacini n’a négligé aucune des questions que son sujet embrassait ; il en a traité même quelques-unes très délicates avec tous les ménagemens que lui imposait le régime auquel son pays était soumis il y a quelques mois encore, mais aussi avec un patriotisme sincère et éclairé, d’autant plus touchant qu’il est plus contenu. C’est aux informations très sûres qu’il fournit que l’économiste doit s’arrêter avec le plus de confiance.

Pour bien comprendre ce que vaut l’agriculture lombarde, il faut d’abord jeter un coup d’œil sur le pays. Les 21,417,000 hectares que comprend la Lombardie proprement dite s’étendent, comme on sait, entre les Alpes rhétiennes au nord, le Pô au sud, le Tessin à l’ouest et le Mincio à l’est. Ces 21,4l9 kilomètres carrés forment une partie du côté septentrional du bassin du Pô. Le terrain descend par une déclivité continue, d’abord en étages abrupts, puis en pentes adoucies, d’une hauteur de treize à quatorze mille pieds, jusqu’à un niveau peu supérieur à celui de la mer. La moitié du territoire s’étend dans la plaine ; elle est composée de terres d’alluvion très fertiles, mais exposées aux inondations. L’autre moitié, dont les quatre cinquièmes sont occupés par des montagnes et un cinquième par des collines, comprend des terres de médiocre qualité, ou qui exigent des soins continuels pour ne pas être enlevées par les eaux aux penchans des rochers. La grande différence d’élévation de