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installait à son petit observatoire de Nantucket un télescope que ses amis lui ont acheté par souscription. L’astronomie mathématique a pour principal représentant M. Pierce, professeur à Harvard, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler à propos des observations de M. Bond sur l’anneau de Saturne. Ce professeur est aussi connu dans le monde savant par ses calculs relatifs à la planète découverte par M. Leverrier ; il vient de publier la première partie d’un très grand ouvrage intitulé Mécanique physique et céleste, qui doit être une véritable encyclopédie astronomique, et où malheureusement des idées théologiques d’un caractère discutable se mêlent trop souvent aux calculs et aux raisonnemens les plus rigoureux : confusion trop commune aux États-Unis, où l’esprit de secte est si ardent qu’il envahit jusqu’au domaine de la science, que notre prudence a placé en dehors des contestations des partis religieux.

Si les études astronomiques aux États-Unis ont pour centre principal Cambridge, la météorologie est surtout cultivée à l’observatoire national de Washington, qui se trouve placé sous la direction du célèbre lieutenant Maury[1]. Enfin les études géodésiques ont une connexion trop directe avec l’astronomie pour qu’il ne soit pas nécessaire de rappeler, en terminant cette étude, les grands travaux du corps hydrographique des États-Unis. Pour arriver à dresser une carte complète des côtes américaines, on a commencé par faire une triangulation primaire ; ce premier travail a nécessité la mesure de plusieurs bases, et cette opération délicate a été accomplie avec des instrumens d’une extrême perfection. Il a fallu ensuite multiplier les observations astronomiques et magnétiques pour déterminer avec une grande exactitude la longitude et la latitude des sommets des triangles primaires et y observer les variations des élémens magnétiques. Le réseau fondamental une fois déterminé, on commence une triangulation secondaire à plus petits compartimens, et l’on fait exactement le lever topographique des côtes. Enfin les observations hydrographiques proprement dites faites à la mer, dans les ports aux embouchures des rivières, complètent ce grand ensemble de travaux auxquels nous devons les premières cartes précises de la région littorale des États-Unis, et serviront de base à la géographie du continent entier.

Les côtes de l’Union, à cause de leur immense étendue, ont été divisées en sections (neuf sur l’Océan-Atlantique, deux sur l’Océan-Pacifique) ; les études se font simultanément et indépendamment dans chacune d’elles, et le raccordement fournit un contrôle définitif pour l’exactitude dès opérations. Les lignes télégraphiques sont fréquemment employées pour déterminer les différences de longitude,

  1. Voyez, sur les travaux du lieutenant Maury, la Revue du 1er et du 15 mars 1858.