(salt-mines) présentent à l’étranger un ordre de faits et de travaux encore plus intéressant. Une vague tradition veut que les mines de sel aient été, ainsi que les sources saumâtres, exploitées autrefois par les Romains. Ce qui est plus positif, c’est que les roches de sel furent découvertes, sinon retrouvées, à environ un mille de Northwich, en 1670, par des mineurs anglais qui cherchaient du charbon de terre. Avant cette époque, la provision saline de la Grande-Bretagne était surtout fournie par les sources de Droitwich, dans le Worcestershire. L’ouverture des mines du Cheshire, — car le précieux minéral fut successivement rencontré tout autour de Northwich, à Wilton, à Marston, à Wincham, à Sevinington, à Nantwich, — accrut dans une proportion considérable le commerce intérieur et extérieur. Aujourd’hui la nature du sous-sol est connue, et l’Anglais, dans un sage sentiment de prévoyance, a mesuré la profondeur de ces trésors enfouis par les révolutions terrestres. À Northwich, une première roche de sel gemme se trouve séparée d’une seconde roche de sel plus profonde par un lit d’argile dure et pierreuse. Ces deux masses salines, à peu près libres de matière terreuse, atteignent le volume extraordinaire de quatre-vingt-dix à cent pieds d’épaisseur. On peut déjà se faire une idée de la richesse de cette formation ; mais pour surprendre le secret de la race bretonne, qui renouvelle sans cesse ses forces et ses moyens d’approvisionnement par le contact industrieux avec l’intérieur de la terre, il faut descendre dans les mines de sel.
Je fus conduit par un sentier sur la lisière d’un champ où venait de s’abattre une bande noire de choucas. C’est sous ce champ que s’étendait la mine. De hauts tuyaux de cheminées et des bâtimens d’une construction grossière indiquaient l’entrée de la fosse. Sous un hangar recouvert en tuiles, et où gisaient pêle-mêle des débris énormes déroches de sel, s’ouvrait le puits, ou, comme dit la métaphore anglaise, l’œil de la mine, au bord duquel je rencontrai un homme qui me demanda si je voulais descendre. Sur ma réponse affirmative, un vaste tonneau de trois ou quatre pieds de circonférence, qui était suspendu en l’air par une forte chaîne, s’abaissa. Je montai sur la plate-forme, et je me plongeai dans le tonneau, qui me couvrait presque jusqu’au cou. Comme nous étions trois, on nous avertit de nous serrer les uns contre les autres, attendu que la bouche était étroite, doublée de fer jusqu’à une certaine profondeur, et que nous courions risque de nous frotter durement contre les parois circulaires du puits. Le tonneau, soulevé par la chaîne, se balança un instant au-dessus de l’ouverture de la fosse, puis s’enfonça rapidement dans la nuit croissante. Déjà tout était silencieux ; on n’entendait plus que les gouttes d’eau salée filtrant à travers la