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tiste en jetant l’irritation au sein du parti clérical. Les chocs de la politique piémontaise et de la cour de Rome pousseront certainement vers l’annexion à la France une portion de la population savoisienne ; mais nous poserons ici une simple question. Est-ce bien au moment où l’inexorable logique des faits consommerait en Italie, au profit de la Sardaigne, le déchirement des stipulations de Villafranca d’une part, le démembrement de l’état pontifical de l’autre, que nous serions fondés à réclamer de la Sardaigne une cession corrélative à des actes que nous accepterions dans le domaine des faits nécessaires, mais dont nous repousserions la solidarité légale ? Évidemment les journaux qui ont si intempestivement agité l’annexion de la Savoie n’ont pas songé à la gravité morale d’une semblable question, et ont mal compris le sentiment de l’honneur national. Lord Palmerston, en demandant aujourd’hui même l’ajournement de la motion de M. Kinglake relative à la Savoie, confirme l’opinion que nous avons exprimée dès le premier moment : c’est par étourderie que cette question a été introduite dans les discussions publiques, et les intérêts européens qui y sont engagés seraient compromis par des controverses prématurées. e. forcade.



Nous croyions que M. Richard Wagner avait terminé, au Théâtre-Italien, le cours de son expérimentation sur le public parisien, et nous pensions que les trois concerts qu’il a donnés l’avaient suffisamment édifié sur l’aptitude du peuple français à devancer les générations futures dans la compréhension de la musique de l’avenir. Notre jugement était prêt, lorsque nous avons appris que M. Wagner, qui est assez riche pour payer sa gloire, convie de nouveau le public à une quatrième épreuve, où il fera entendre des morceaux de sa composition que ne contenait pas, assure-t-on, le programme des trois concerts auxquels nous avons assisté. Ne voulant pas que le bruyant réformateur puisse nous accuser d’un déni de justice et nous opposer, comme on dit au palais, une fin de non-recevoir, nous retardons jusqu’au 1er mars la publication de notre étude sur l’auteur du Tannhauser et du Lohengrin. Il tempo è galant’uomo, disent judicieusement les Italiens. p. scudo.


V. de Mars.