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relativement aux thés de Chine que la science a un intérêt véritable à rechercher les propriétés de ces préparations, ainsi qu’à surveiller, à dénoncer les falsifications, en présence surtout des événement qui, en appelant une armée anglo-française sur le sol chinois, rendront sans doute nécessaire l’emploi du thé comme moyen de lutter contre les influences pernicieuses du climat.

On l’a dit plus haut, les nombreuses variétés commerciales du thé peuvent être ramenées à deux classes, les thés verts et les thés noirs. Les premiers, lors même qu’ils ont été préparés dans les meilleures conditions possibles, exempts de toute sophistication ou mélange de substances insalubres, sont naturellement doués de propriétés plus actives sur nos organes, et qui ne permettraient guère à certaines personnes d’en faire habituellement usage. La plupart des consommateurs mélangent en certaines proportions les thés noirs avec les thés verts, autant afin d’éviter l’excitation trop grande produite par ces derniers qu’en vue d’obtenir un arôme mixte généralement plus agréable. On peut établir en thèse générale que, dans la consommation habituelle, l’emploi du thé noir est préférable à celui du thé vert ; aussi ne doit-on pas s’étonner de voir l’importance prédominante de l’introduction des thés noirs dans toutes les contrées du monde. La différence serait plus grande encore et la répulsion plus vive, si l’on savait mieux à quelles falsifications sont sujettes certaines sortes de thés verts, tandis que les thés noirs sont loin d’offrir de semblables chances d’altération. Les Chinois à cet égard ont donné depuis longtemps l’exemple aux falsificateurs de thés en différens pays ; c’est du reste, il faut en convenir, en vue de satisfaire, comme ils le disent eux-mêmes, le goût des barbares étrangers, et en même temps, ce qu’ils n’avouent pas, d’accroître leurs propres bénéfices, qu’ils se livrent à ces pratiques condamnables ; c’est en un mot pour donner à leurs produits

    imitant le souchong et le péko un arôme tout à fait comparable à celui des thés de Chine. « Si l’auteur pouvait reproduire en grand, disions-nous alors, d’aussi bons résultats de son mode de préparation que nous n’avions pu vérifier, il aurait droit de prétendre à l’une des plus hautes récompenses. » Bien nous prit de faire cette réserve, car toutes les tentatives qui se sont succédé depuis n’ont point approché d’un pareil résultat. Les thés mêmes présentés à l’exposition universelle par la Société néerlandaise de commerce et venant de Java, ceux envoyés du Brésil sous dix formes commerciales n’étaient nullement comparables pour leur arôme aux produits chinois, et nous en sommes réduit a croire qu’une erreur accidentelle aura fait exposer comme produits indigènes français des produite venus du Céleste-Empire et sans doute destinés d’abord à servir de terme de comparaison. Les échantillons de thés des possessions anglaises dans les Indes orientales, et qui ont également figuré à l’exposition universelle de 1855, avaient été préparés suivant les méthodes chinoises, mais ils conservaient encore une odeur et une saveur herbacées bien différentes des qualités aromatiques et suaves du véritable thé de Chine.