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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/211

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qu’éprouvent beaucoup de personnes de l’usage des eaux naturelles séléniteuses.

La commission sanitaire de Londres, qui s’est formée spontanément pour dévoiler les fraudes commerciales, et particulièrement les falsifications de substances alimentaires, a trouvé chez les marchands, dans un grand nombre d’échantillons de thé vert, du bleu de Prusse, du curcuma et de l’argile à porcelaine. Plusieurs de ces échantillons consistaient en résidus d’infusions de thés falsifiés au moyen de ces matières colorantes ; d’autres contenaient des feuilles de prunier et de camellia. Les thés noirs le plus généralement en usage, notamment les congo et les souchong, étaient exempts de ces mélanges frauduleux. Cependant même quelques thés de cette classe, tels que le peko et la variété dite poudre à canon, avaient été teints par la plombagine ou mine de plomb (graphite). D’autres contenaient des poussières de thé ou d’autres feuilles agglomérées à l’aide de la gomme, additions qui d’ailleurs n’offraient aucune chance d’insalubrité. Il a paru évident à la commission que des importations considérables de faux thés préparés en Chine sont destinées à falsifier les thés verts à Londres. La commission sanitaire de Londres, qui publie les résultats de ses analyses et recherches expérimentales micrographiques dans le journal de médecine intitulé the Lancet, a résumé ses conclusions sur ce point en émettant le vœu : 1° qu’on diminuât le droit sur les thés noirs, afin d’en accroître la consommation, et par cela même de restreindre l’usage des thés verts, qui sont sujets aux falsifications les plus nombreuses et les plus insalubres ; 2° que tous les thés reconnus faux ou entachés de fraude fussent saisis à la douane, et brûlés ou détruits par un moyen quelconque.

Il résulte de cet ensemble de faits que les thés verts, souvent trop actifs à l’état pur, sont sujets à de fréquentes détériorations artificielles qui les rendent insalubres, et qu’il est prudent en tout cas, sinon de s’abstenir d’en faire usage, du moins de s’assurer qu’ils n’ont éprouvé aucune falsification. Or ce n’est guère que parmi les thés verts de qualités supérieures, assez rares chez nous, que l’on peut rencontrer de semblables produits irréprochables.

Malgré ces altérations, bien propres à inquiéter les consommateurs, le thé devient l’objet d’un commerce de plus en plus actif. Les importations de thé en Angleterre, graduellement accrues, se sont élevées, d’après les registres du consulat britannique de Canton, en 1844, à 23,637,000 kilos, dont les 3/4 sont restés dans la consommation de la Grande-Bretagne. Elles ont atteint, je l’ai dit, en 1858, 34,234,000 kilos. Les documens venant de la même source nous apprennent que durant l’année 1845 les expéditions