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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/253

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Tu la jetais à tous les vents,
Pour un mot, pour un regard tendre…
Mais viens, et les morts vont te rendre
Ce qu’ont emporté les vivans ;

Car là-haut, sur les mêmes grèves,
Dans ces astres peuplés d’esprits,
Flottent à la fois les débris
Et les germes de tous nos rêves.

Là-haut, dans l’immatériel,
Tout va perdre et retrouver l’être ;
Quand les morts descendent du ciel,
C’est pour nous aider à renaître.

Pur de désirs et de remords,
Fais donc, sans terreurs insensées,
La moisson d’austères pensées
Qui se récolte au mois des morts.


III


LA PREMIÈRE NEIGE.



Dans mon verger clos de buis,
Où je puis
Tout surveiller de ma chambre,
Mes deux pommiers, — quel malheur ! —
Sont en fleur…
Et nous touchons à novembre.

Un caprice, un faux réveil
Du soleil
Au printemps leur a fait croire,
Et les fleurs imprudemment,
Un moment,
Ont blanchi l’écorce noire.

Mes pêchers, mon grand souci,
Vont ainsi
Rougir dans la matinée,
Et perdre à ce jeu trompeur,
J’en ai peur,
Leurs fruits de toute une année.