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Italien, contre la qualification d’opéra nouveau que portait l’affiche en annonçant la première représentation d’Un Curioso accidente. La direction s’est empressée de faire droit à la réclamation de l’illustre maestro, de Un Curioso accidente n’a été donné qu’une seule fois. On a eu le temps d’y remarquer un très joli trio pour voix d’homme tiré della Pietra del Paragone, un duo pour deux femmes d’Aureliano in Palmira, et un rondeau que Rossini avait écrit jadis pour Mme Malibran.

On nous promet au Théâtre-Italien la reprise du Matrimonio segreto de Cimarosa. À la bonne heure ! revenez donc aux vrais chefs-d’œuvre de votre ancien répertoire, donnez-nous autre chose que des mélodrames illustrés de cloches, d’enclumes et de marteaux, contez-nous de ces bonnes bêtises d’autrefois, et laissez reposer un peu les histoires agréables d’enfans rôtis et de tyrans de Padoue, d’autres lieux ! On chante Gluck au Théâtre-Lyrique, l’Opéra-Comique paraît vouloir donner sur le théâtre de Monsigny et de M. Auber le Don Juan de Mozart ! Qui vous empoche de reprendre votre bien, la Serra padrona et il Re Teodoro de Paisiello, Cosi fan tutte de Mozart, la Camilla de Paer, le Cantatrici villane de Fioravanti, la Prova d’un opéra séria de Gneco, le Nozze di Dorina de Sarti, la Cosa rara de Vinecnzo Martini, etc. ? Ah ! malheureux que vous êtes, vous ne connaissez pas la centième partie des trésors que vous possédez ! Il serait injuste cependant de ne pas savoir gré à, l’administration du Théâtre-Italien du nouveau ténor qu’elle nous a fait entendre. M. Giuglini, qui chante à Londres depuis plusieurs années, a débuté pour la première fois à Paris dans le rôle de Manrico du Trovatore de M. Verdi. Sa voix est un ténor de demi-caractère qui manque un peu de force et surtout de souplesse, mais dont les six notes supérieures, d’ut à la, sont claires et charmantes. M. Giuglini, qui est grand, gesticule un peu trop, et ne semble pas encore suffisamment maître de la scène. Il a dit avec goût la sérénade du premier acte, l’andante de l’air du troisième, ainsi que la phrase émue du Miserere. Parfaitement secondé par Mme Cambardi, qui, dans le rôle de Leonora, a montré tout le désir qu’elle a de bien faire, M. Giuglini a été assez bien accueilli par le public, qui l’attend dans un opéra mieux approprié à ses moyens.

Le 10 novembre dernier, on a fêté à Paris, ainsi qu’à Londres et dans les principales villes d’Allemagne, le centième anniversaire de la naissance de Schiller, poète aimé par son génie, par une vie de labeur et de dévouement à la plus noble des causes, l’indépendance et l’émancipation du genre humain. Six cents musiciens, sous la direction de M. Pasdeloup, ont exécuté, dans la grande salle du cirque des Champs-Elysées, une marche et une cantate que Meyerbeer avait composées pour la circonstance, plusieurs morceaux de Mendelssohn, l’ouverture d’Oberon de Weber et le finale de la neuvième symphonie de Beethoven. La salle était remplie jusqu’aux combles par un public dont la plus grande partie était composée des compatriotes de l’auteur de Don Carlos et de Wallenstein. Un discours plein de pensées généreuses a été prononcé en allemand par le docteur Kalisch ; et la séance s’est terminée dans un meilleur ordre qu’elle n’avait commencé.

Puisque nous venons de parler de l’Allemagne, disons qu’elle vient de perdre encore un compositeur distingué, Reissiger, qui est mort à Dresde