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LES COMMENTAIRES
D'UN SOLDAT

I.
LES PREMIERS JOURS DE LA GUERRE DE CRIMEE.



Dieu m’a permis jusqu’à présent d’assister à presque tous les grands faits de guerre qui se sont accomplis depuis onze ou douze ans. Puisse cette grâce m’être continuée ! voilà le plus ardent de mes vœux. J’avais entrepris de raconter l’expédition de Crimée, quand est venue cette campagne d’Italie, si belle, si entraînante, si rapide, qui a mis la France tout entière sous le charme, et rendu ce siècle aux jours radieux de sa jeunesse. J’ai eu le bonheur de faire encore cette guerre, et en rentrant dans mon pays j’ai repris l’œuvre commencée ; seulement je l’ai agrandie de tout le champ nouveau qu’il m’avait été donné de parcourir. Je réunis donc aujourd’hui, sous un même titre, mes souvenirs de Crimée et d’Italie. Ce titre indique l’endroit obscur d’où j’ai vu tant d’éblouissantes choses, et partant le caractère de mon récit. L’œuvre qu’on va lire est étrangère à toute science militaire et à toute prétention historique. C’est l’intérieur d’une âme où de vives et puissantes images se sont réfléchies.


I

On dit qu’il est agréable de se souvenir, je ne sais ; pour ma part, je laisserais volontiers reposer au plus profond de moi tout ce que