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peut donc juger les intentions, sinon les actes. Craignant de nous fier uniquement dans cette comparaison à nos souvenirs et à nos observations personnelles, nous avons fait choix, pour nous guider, parmi la quantité très considérable d’écrits qu’a fait éclore la crise de l’année dernière, d’un petit nombre dont le nom se trouve inscrit au bas de ces pages[1], non qu’ils aient tous à nos yeux une valeur ni un mérite égal, mais parce qu’ils représentent des points de vue différens dont le parallèle peut être utile. Ab Jove principium. Le premier en importance de ces divers documens est sans contredit le travail de M. le colonel Ribourt, publié sous ce titre : le Gouvernement général de l’Algérie de 1852 à 1858. M. Ribourt a été attaché à la personne de M. le maréchal Randon, dernier gouverneur-général, pendant toute la durée de son pouvoir, et l’a suivi même, si je ne me trompe, dans sa promotion récente au ministère de la guerre. C’est donc ici l’ancienne administration elle-même qui se défend » et son témoignage à toute la valeur d’une pièce officielle, en même temps que l’autorité plus grande qui s’attache à la loyauté généralement reconnue de son dernier représentant. En regard de ce travail d’une source si élevée, nous prions qu’on nous pardonne l’irrévérence de placer la brochure du journaliste le plus opposant d’Alger, véritable satire qui a tous les défauts du genre et quelques-uns de ses faciles mérites. Entre ces deux extrêmes viennent s’interposer naturellement les travaux de deux écrivains distingués, qui, sans faire à l’ancien système une opposition à outrance, ont exprimé des vues de réforme modérée. Un recueil hebdomadaire assez peu répandu, mais rédigé avec soin, nous a fourni la série très complète des pièces émanées du nouveau ministère, au moins pendant la durée du pouvoir du prince qui l’a inauguré. Les faits sur lesquels s’accordent des autorités si différentes doivent être nécessairement tenus pour avérés. Quant aux idées qui les divisent, nous demandons la permission de n’en adopter aucune ni exclusivement, ni aveuglément.


ALBERT DE BROGLIE.

  1. I. Le Gouvernement d’Algérie de 1852, par F. Ribourt, colonel d’état-major ; Paris, Panckouke et Cie, quai Voltaire, 13. — II. L’Algérie, ce qu’elle est et ce qu’elle doit être, par Clément Duvornois ; Alger, chez Dubos frères, rue Babazoun. — III. L’Algérie, tableau historique, descriptif et statistique, par M. Jules Duval, secrétaire du conseil-général de la province d’Oran ; Paris, Hachette et Cie, rue Pierre-Sarrazin, 14. — IV. Histoire de la Colonisation de l’Algérie, par Louis de Baudicour ; Paris, Challamel aîné, rue des Boulangers, 30. — V. Moniteur de la Colonisation, journal hebdomadaire ; Paris, rue Richelieu, 110.