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science exemplaire, et, conduit par les nécessités de sa thèse à discuter les différentes théories de l’espace, il en donne le tableau analytique, et met ainsi le lecteur en mesure d’apprécier en parfaite connaissance de cause la valeur de sa découverte. Je doute qu’elle reste comme un progrès dans la science, mais elle nous a valu un livre que les gens faisant profession de métaphysique ne liront pas sans profit.


III.

Pas moins que Clarke, qui écrivait cent ans avant lui, M. Gillespie ne s’est montré sévère pour les preuves ou considérations qu’on emploie communément au service de la croyance en Dieu. Il a nié de nouveau la possibilité de tirer d’aucune l’infinité d’un seul des attributs divins. On ne peut guère croire cependant que, plus que le docteur Clarke, il fasse renoncer ses compatriotes à demander à la nature de confesser son auteur. Il ne se passe guère d’année sans que la Grande-Bretagne voie paraître plusieurs essais sur la théologie naturelle, où les sciences profanes sont appelées au secours de la science sacrée. Généralement fidèles à l’exemple de Newton, les physiciens anglais ne se lassent jamais d’en revenir là; mais pour la plupart ils vont plus loin, et pénètrent jusque dans le domaine de la théologie révélée. Il y a même des institutions publiques destinées à encourager ce double genre de recherches. Robert Boyle, que son siècle mettait comme physicien peu au-dessous de Newton, avait maintes fois soutenu dans ses écrits l’harmonie des conclusions de la philosophie naturelle avec les dogmes de la religion. C’est l’objet de l’ouvrage auquel il a donné ce titre singulier : The Christian virtuoso. Et, non content d’avoir plaidé la cause par ses propres écrits, il a institué, sous la surveillance de l’évêque de Londres, des lectures ou sermons publics pour la défense de la religion naturelle et révélée. On a recueilli une partie de ces discours; l’ouvrage de Clarke a même commencé par en être un. A la seule inspection des titres, on ne voit pas que l’argument des causes finales dans la nature ait été proscrit de la chaire : il tient une grande place dans le premier discours, la Folie de l’Athéisme, par le docteur Bentley, et c’est le sujet du seizième, ou de la Démonstration de l’Existence et des Attributs de Dieu d’apès les œuvres de la Création, par Derham.

Le révérend Francis Henri Egerton, comte de Bridgewater, qui a résidé longtemps à Paris et qui y est mort en 1829 sans y laisser, que je sache, la réputation d’un apôtre, avait composé et imprimé sans le publier un ouvrage pour la défense du christianisme. Par son testament, il a mis une somme de 8,000 livres sterling à la disposition du président de la Société royale de Londres pour défrayer