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LA
NOUVELLE-GRENADE
PAYSAGES DE LA NATURE TROPICALE.

II.
SAINTE-MARTHE ET LA HORQUETA.[1]



I.

Sainte-Marthe est située dans un paradis terrestre. Assise au bord d’une plage qui se déploie en forme de conque marine, elle groupe ses maisons blanches sous le feuillage des palmiers et rayonne au soleil comme un diamant enchâssé dans une émeraude. Autour de la ville, la plaine, s’arrondissant en un vaste cirque, se relève en molles ondulations vers la base des montagnes. Celles-ci étagent l’un au-dessus de l’autre leurs gigantesques gradins diversement nuancés par la végétation qui les recouvre et l’air transparent dont l’azur s’épaissit autour des hautes cimes; des nuées s’effrangent en longues traînées blanches dans les vallées supérieures, s’enroulent en écharpes sur les sommets, et de cet amoncellement de nuées, de pics, de montagnes de toute forme, jaillit la superbe Horqueta, dont le double cône, dressé au-dessus de l’horizon, semble régner sur l’espace immense. Les énormes contre-forts sur lesquels s’appuie le pic à deux têtes projettent à droite et à gauche deux chaînes de

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1859.