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LES
DEUX STEPHENSON

Life of George Stephenson, by Smiles; 1 vol., London, Murray.



L’Angleterre peut s’enorgueillir à bon droit de sa puissance politique, des longues luttes qu’elle a soutenues pour la liberté, de ses institutions également bien placées à l’abri des empiétemens de la royauté et des aveugles excès de la démagogie. Du haut de son île, elle se vante d’assister avec tranquillité aux orages périodiques de la politique européenne, et voit le flot des révolutions expirer devant sa blanche falaise, comme cet Océan même qui l’environne de toutes parts. Elle est fière de sa puissante marine, de son antique aristocratie, de ses communes, dont les débats tiennent le monde attentif et préoccupent au même degré les amis et les détracteurs du gouvernement parlementaire. Pourtant ce que l’Anglais montre de préférence à l’étranger qui visite son île, ce ne sont pas les salles de Westminster, où tant de voix éloquentes se sont fait entendre en faveur des plus illustres causes, ni les demeures somptueuses de sa noblesse, ni tant de monumens des plus terribles victoires; ce sont les usines, les ports, les docks, les canaux, les mines, les fermes, les chemins de fer de la Grande-Bretagne.

La grandeur politique de l’Angleterre a en effet les racines les plus profondes dans son activité sociale : l’amour du travail est le trait le plus caractéristique de la forte race qui habite ce coin de terre que les Romains appelaient le bout du monde, et qui est aujour-