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maladies qui tendent à affaiblir la force génératrice. Il existe aussi des altérations profondes du sang et des humeurs qui se traduisent en de véritables dégénérescences et ont pour conséquence d’installer un trouble continu dans nos fonctions et le jeu de notre organisme.

Pour classer les différentes maladies qui aboutissent à la dégradation de notre nature et détruisent en nous le principe mystérieux qui préserve le type à travers tant de perturbations accidentelles, il faut naturellement remonter aux causes qui les déterminent, distinguer et classer les diverses sortes d’action d’où peuvent résulter des écarts profonds et persistans de la nature.

L’homme foule tous les jours le sol sous ses pieds ; il aspire à chaque minute dans ses poumons une partie de l’air qui l’environne ; il est soumis à l’action de la sécheresse et de l’humidité, de la chaleur et de la lumière ; il absorbe des miasmes délétères, il est exposé au souffle de vents glacés ou énervans, et il porte sur toute la surface du corps le poids d’une atmosphère tour à tour lourde ou raréfiée. Ce sont là mille influences purement physiques qui modifient sans cesse son économie, en contrarient le jeu, altèrent ou affaiblissent les organes. On a ainsi une première catégorie de causes par lesquelles la dégénérescence peut se produire, les causes physiques.

L’homme n’est pas seulement livré à l’influence fatale des lieux et de l’atmosphère, il subit encore celle du genre de vie auquel sa condition le condamne, ou qu’il choisit de son plein gré : autrement dit, le régime a, comme le climat, un effet considérable sur son organisation. Nourriture, boissons, vêtemens, occupation de tous les jours, sont autant d’élémens qui tendent à réagir contre les causes physiques, ou dont l’action se combine avec elles. De là pour les dégénérescences un second ordre de causes qui participent des lois générales de la nature et des effets de la volonté humaine. On peut les désigner sous le nom de physico-morales ou mixtes.

Mais la dégénérescence précède souvent chez l’individu l’action des causes physiques et des causes physico-morales. Dès sa naissance, l’homme peut présenter dans son type une altération profonde qui persiste en dépit du changement des milieux, ou bien il apporte le germe d’une déviation maladive qui se manifeste à une époque plus avancée de la vie. Dans le sein de la mère, l’évolution de l’embryon peut s’opérer dans des conditions défavorables, et l’être qui reçoit le jour offre alors dès le principe une organisation maladive, une anomalie dans les formes, tendant à altérer sa santé, à troubler ses fonctions, — ce que l’on appelle une monstruosité. On doit donc reconnaître une troisième classe de causes pour la dégénérescence, les causes natives ou congénitales.