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qui tenaient son parti, si le duc de Lorraine, son beau-frère, le duc de Vendôme et le comte de Saint-Paul, ses cousins, Jean d’Albret, roi de Navarre, partageaient ses mécontentemens et adhéraient à ses desseins[1].

Le cardinal Wolsey remit des articles conçus dans ce sens à Beaurain au moment de son départ[2]. En même temps, le docteur Knight, ambassadeur de Henri VIII auprès de Marguerite d’Autriche, tante de Charles-Quint et gouvernante des Pays-Bas, dut suivre Beaurain, chargé d’une mission semblable à la sienne. «Le duc de Bourbon, disait Henri VIII dans ses instructions, qui est un homme d’un noble et vertueux courage, voyant combien, par le désordre, le mauvais gouvernement et l’extravagante conduite du roi François, le royaume de France est tombé dans un misérable état, surchargé qu’il est de tailles, d’exactions et d’autres impositions indues, outre les autres grandes et journalières indignités et iniquités dont l’accable le roi des Français, et sentant que le commun peuple ne peut pas les supporter plus longtemps, il a appliqué son esprit et mis ses soins à lui donner assistance et à opérer le redressement de ces énormités[3]. » Il ajoutait que, fort aimé et fort estimé dans le royaume de France, dont il voulait la réforme, le duc de Bourbon s’était adressé à l’empereur et à lui, roi d’Angleterre, et qu’il serait sans aucun doute suivi de beaucoup de nobles hommes et du peuple réduit en servitude et désireux d’en sortir. Il prescrivait au docteur Knight de se rendre en poste à Bâle, comme pour aller en Suisse, et de se transporter de là, sous un déguisement, jusqu’à Bourg en Bresse, où il trouverait Beaurain et le connétable. Henri VIII, qui prétendait être l’héritier légitime de la couronne de France, exigeait que le duc de Bourbon lui prêtât serment[4], après quoi il autorisait à conclure tous les arrangemens proposés. Le docteur Knight partit de Bruxelles à la dérobée, et s’achemina, en suivant le tortueux itinéraire qui lui était tracé, vers la ville de Bourg en Bresse, où Beaurain, arrivé au commencement de juillet, s’était enfermé dans l’abbaye de Brou[5].

  1. Instructions de l’empereur à Beaurain, du 28 mai 1523, publiées dans le sixième volume des State Papers, p. 151, note 2.
  2. Ces articles, intitulés Memoriale eorumque Dominus de Beaureyn tractabit cum illustrissimo duce Burbonio pro communi beneficio utriusque majestatis, sont imprimés dans le sixième volume des State Papers, p. 153 et 154.
  3. «Instructions given by the kinges highnes to bis trusty clerc and counsaillour master William Knyght. » State Papers, t. VI, p. 131.
  4. Le duc de Bourbon devait le reconnaître pour his suppreme and soverayn lord makyng othe and fidelitie as to the rightful inheritour of the said crowne of Fraunce. » State Papers, p. 137.
  5. Dépêche de L. de Praet à Charles V du 9 août 1523. — Arch. imp. et roy. de Vienne.