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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/968

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tection ne peut rien. Nous aurons beau faire, nous ne parviendrons jamais à produire ce qui ne peut venir que sous le climat des tropiques. Quant aux objets de grande consommation, le commerce extérieur, même le plus libre, ne peut fournir qu’un appoint; avant tout, chaque peuple trouve dans son propre sol et dans son propre travail ce qui lui est le plus nécessaire, et l’économie des frais de transport suffit pour que les producteurs nationaux aient un privilège naturel sur tous les autres. On le voit bien maintenant par ce qui se passe pour celles de nos industries qui ne sont pas protégées ou qui ne le sont que de nom, et notamment pour l’agriculture.

Une crainte d’un autre genre préoccupe en ce moment quelques esprits. La réduction considérable accordée par les Anglais sur le droit d’entrée qui frappait nos vins arrive aussi dans un moment peu opportun; le vin étant aujourd’hui rare et cher en France, on s’est imaginé qu’il allait devenir tout à coup plus rare et plus cher. Qu’on se rassure. Les habitudes d’un grand peuple ne changent pas en un jour; le goût du vin français ne pénétrera que lentement dans la masse de la population anglaise, accoutumée à d’autres boissons. En même temps la production du vin s’accroîtra chez nous, car nous avons encore bien des terres improductives qui peuvent se transformer en vignobles, et le fléau qui a atteint la vigne ne durera pas; toujours. Ceux de nos vins qu’on a brûlés jusqu’ici pour faire de l’eau-de-vie fourniront au besoin un bon supplément. L’extension des débouchés amènera nos producteurs à perfectionner leurs procédés de culture et de fabrication. Ce sont d’ailleurs les droits et les frais de toute nature qui grèvent le prix du vin pour la plupart des consommateurs; la valeur du vin lui-même n’y entre que pour une faible part.

Nous ne dirons que quelques mots sur les autres parties du programme. La lettre impériale insiste avec grande raison sur la nécessité impérieuse de nouvelles voies de communication. Là est en effet l’intérêt principal de l’agriculture et de l’industrie. Avant 1848, un crédit annuel de 150 millions figurait au budget pour les travaux publics ; ce crédit avait été considérablement réduit, il serait bien utile de le rétablir. Par sommes gigantesques se comptent les travaux dont la France a besoin pour s’élever au niveau de la plupart de ses voisins. Le réseau actuel des chemins de fer a coûté quatre milliards, dont trois à la charge des compagnies et un à la charge de l’état. L’étendue de ce réseau doit être plus que doublée pour suffire aux besoins les plus pressans; c’est donc encore une dépense de quatre milliards qu’il faut s’imposer pour ce seul objet, et l’état, suivant toute apparence, sera encore appelé à y concourir, comme il a concouru au réseau existant. En même temps, il a à terminer