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était de la maison des Pallavicini de Parme, opina ainsi : « Je dirai mon avis, qui sera véritablement digne de quelque blâme, mais qui est utile au service de la république : c’est de se retirer à Peschière. » Tout le reste était à l’avenant. Aussi, quoique Mantoue fût presque imprenable, au milieu du lac qu’y forme le Mincio et entourée de vastes marais, Collalto l’aurait de bonne heure emportée sans trop de peine, s’il l’eût vigoureusement attaquée. Pendant que Mazarin était au camp impérial, il avait entendu des officiers qui causaient entre eux du projet de surprendre Mantoue par un côté que les assiégés ne surveillaient pas, l’estimant assez défendue par le Mincio. Il trouva le secret de faire comprendre au marquis de Pomare, un des généraux de Charles de Gonzague, le péril qui menaçait la ville, et quelques jours après des fortifications élevées à la hâte empêchaient les impériaux de donner suite au dessein qu’ils avaient conçu[1]. Sur ces entrefaites, Collalto était tombé malade ; puis, appelé par le duc de Savoie, il s’était porté dans le Montferrat et avait laissé autour de la place ses deux lieutenans, Aldringer et Gallas, avec fort peu de troupes que les maladies, nées de l’air pestilentiel des marécages, avaient peu à peu réduites à rien. On avait même levé le siège ; mais Aldringer et Gallas, ayant reçu les renforts qu’ils attendaient, reprirent l’offensive, et, grâce à la négligence et à la lâcheté de la garnison, dans la nuit du 17 au 18 juillet 1630, ils pénétrèrent par le Mincio même sur quelques barques, s’emparèrent de la ville, forcèrent la citadelle, permirent au duc de se retirer avec sa famille Sur le territoire pontifical, et pendant trois grands jours livrèrent au pillage la belle et riche Mantoue.

Casal était menacée d’éprouver bientôt le même sort. Spinola depuis quelques mois en faisait le siège régulièrement, et il avait promis au roi d’Espagne de s’en rendre maître en moins de quarante jours ; mais il avait compté sans l’habileté, et la vigueur de Toiras. Le nouveau gouverneur de Casal se montra digne de succéder à Guron et à Beuvron. Il avait de bonnes troupes et d’excellens officiers. Parmi eux était Hector de Sainte-Maure, baron de Montausier, le frère aîné du célèbre marquis de ce nom, qui, tout jeune encore, possédé par la passion de la gloire, cherchant partout des occasions de se distinguer, s’était introduit dans Casal déguisé en jésuite, quoiqu’il fût protestant[2]. Il se plaça vite au premier rang des braves gentilshommes accourus pour prendre part à ce siège : Baradas, naguère le favori de Louis XIII, le commandeur de Souvré, le frère de Mme de Sablé, bien d’autres encore, tous rivaux de jeunesse et

  1. Benedetti, p. 25.
  2. Sur ce frère de Montausier, voyez la Société française au dix-septième siècle, t. II, p. 35.