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exprimèrent leur assentiment par leurs acclamations. Pescara leur promit la victoire, s’ils ne se débandaient pas pour piller et faire des prisonniers jusqu’à ce qu’ils fussent entièrement maîtres du champ de bataille. « Alors, continua-t-il, tout sera à vous. » Frundsberg harangua aussi les lansquenets ; il les disposa à combattre vaillamment pour l’honneur de l’empire et la délivrance de leurs cinq mille compatriotes enfermés dans Pavie.


V

Au milieu de la nuit, l’armée se mit en mouvement dans l’ordre qui lui avait été assigné ; elle remonta par un circuit vers la partie septentrionale du parc, où plusieurs compagnies de soldats et de pionniers l’avaient devancée, et travaillaient avec des solives, des pics et des pelles à en ébranler et à en abattre la muraille. Celle-ci, beaucoup plus solide qu’on ne l’avait supposé, résista longtemps, et toute la nuit fut employée à y faire des ouvertures suffisantes. L’aube paraissait lorsque le passage devint sur trois points praticable à des bataillons entiers, qui purent le traverser au milieu des décombres et par une brèche de quarante ou cinquante toises. Pescara fit avancer aussitôt le marquis del Vasto avec quinze cents lansquenets et quinze cents arquebusiers espagnols vers le château de Mirabello, afin qu’il s’en rendît maître sur les Français et qu’il se rapprochât de Pavie[1]. Le reste de l’armée impériale franchit ensuite la brèche et pénétra dans le parc, où, au lieu d’une surprise de nuit, elle allait, par une claire et froide matinée de février, livrer une rude bataille[2]

En apprenant que les impériaux s’étaient mis en marche dans la nuit du 23 au 24 février, et qu’ils abattaient la muraille du parc pour s’ouvrir un chemin jusqu’à lui, François 1èr avait quitté ses retranchemens, et il s’était porté à leur rencontre avec son armée[3]. Pendant la nuit même, il donna l’ordre aux hommes d’armes qui avaient leur poste à Mirabello de se replier de son côté. Descendu de son camp fortifié sur la bruyère du parc, il rangea en bataille ses troupes fort nombreuses, et qui semblaient animées de la même ardeur que lui. Le lieu était favorable à celle des deux armées qui

  1. Récit de Pescara dans sa lettre à Charles-Quint. — Documentes, etc., t. IX, p. 483.
  2. Relation de Sébastien Moreau, dans Captivité, etc., p. 77.
  3.  :: «…Au matin ilz firent leur entrée
    Dedans le parc place bien esgalée.
    Et nous aussi jà estions en bataille ;
    Artillerie bonne avions sans faille. »
    (Espitre de François Ier, dans Captivité, etc., p. 120.)