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Telle qu’elle est au contraire, la poudre satisfait assez complètement à toutes les exigences, et la fabrication paraît aussi parfaite qu’il est désirable. On pourrait souhaiter une préparation plus rapide et la présence d’une moindre quantité de poussier dans les barils qui ont parcouru de grandes distances ; mais ce sont des améliorations de détail et d’une importance secondaire.

La poudre ordinaire n’est pas, on le sait, la seule matière susceptible de produire en brûlant une grande quantité de gaz, quoiqu’aucune autre ne puisse lui être comparée avec avantage dans l’état de nos connaissances. Les mélanges où il entre des chlorates sont plus actifs, ce qui n’empêche pas qu’ils ne soient repoussés, tant à cause de l’élévation du prix que pour des propriétés fulminantes qui en rendront toujours l’usage dangereux, et le limiteront à un très petit nombre de circonstances, la fabrication des capsules par exemple. Le pyroxile, ou coton-poudre, qui a fixé, il y a une quinzaine d’années, l’attention des militaires et des chimistes[1], n’a pas répondu aux espérances que l’on avait conçues d’abord. L’infériorité de ce produit a surtout été manifeste dans les armes longues. Il se comportait à la manière des poudres brisantes, et cependant la tension des gaz diminuait assez rapidement pour être de beaucoup inférieure à celle produite par de la poudre ordinaire avant que le projectile fût sorti de l’arme. Il résultait de là une diminution analogue dans les portées. Malgré ce désavantage, il ne faudrait pas regarder la question comme définitivement jugée. On a exposé plus haut l’importance de l’état physique des poudres de guerre, et la nécessité de leur donner une assez grande compacité. C’est précisément la compacité qui manque au coton-poudre. Qu’il devienne possible de fabriquer économiquement le pyroxile avec des matières plus denses, les défauts qu’on lui reproche auront disparu ; la conservation du produit sera aussi rendue plus facile, et comme il aura toujours le grand avantage de ne laisser aucun résidu solide, il pourra donner des résultats égaux ou même supérieurs à ceux de la poudre ordinaire.


I. - LES ARMES PORTATIVES.

L’usage des armes à feu est aujourd’hui si général parmi les nations civilisées et même chez les peuplades barbares, qu’il est difficile de se faire à l’idée d’avoir jamais pu s’en passer. Il semble tout au moins qu’à peine inventées, elles ont dû produire l’abandon immédiat de toutes les anciennes armes de jet, maintenant tombées en

  1. Voyez, sur le Coton-Poudre, la Revue du 1er février 1847.