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père, Pierre Mazarin, était Sicilien[1], d’une condition fort médiocre[2], artisan aisé et petit propriétaire. Il vint de bonne heure chercher fortune à Rome, où il entra au service de l’illustre et puissante maison Colonna en qualité d’homme d’affaires. Dans cet emploi, il rendit d’assez grands services à son maître, le connétable don Philippe Colonna[3], qui le prit en affection, et lui fit épouser une personne aussi distinguée par sa naissance que par son mérite et sa beauté, sa filleule, Hortense Bufalini[4]. Pierre eut deux fils et quatre filles. L’une d’elles embrassa la vie religieuse ; les trois autres firent successivement des mariages avantageux, qui relevèrent encore les Mazarin : Hiéronyme épousa le chevalier Mancini, Marguerite le comte Martinozzi, claire le marqui Muti, frère de celui qui a eu de si grands emplois à la cour de Savoie. Le plus jeune des garçons, Michel, entra dans l’ordre de Saint-Dominique, et devint successivement provincial de son ordre, archevêque d’aix, cardinal

  1. Le nom de Mazarin vient d’un petit lieu de Sicile appelé Mazare, si l’on en croit la mazarinade intitulée Lettres du chevalier George à monseigneur le prince de Condé, ou d’un castello Mazarino, selon Benedetti et le mémoire anonyme publié récemment à Turin.
  2. Mémoire anonyme : « commodo artigiano. » Une copie meilleure et plus étendue de ce mémoire, que M. Chiala a bien voulu nous communiquer, dit quelque chose de plus : « commodo mercadante e possessor di qualche bene di fortuna. »
  3. Philippe Colonna, duc de Palliano et de Tagliacotti, grand-connétable du royaume de Naples, mort en 1639.
  4. Voyez Benedetti. Le mémoire anonyme, dans la bonne copie communiquée, célèbre encore plus les avantages de ce mariage : « Il contestabile gli diede una sua figliana di casa Bufalini, casa nobilissima della quale ne teneva il contestabile protettione, con una dote più che conveniente alle facoltà ed ai natali dello sposo, sendo inoltre molto dotata di una bellezza non ordinaria, e molto virtuosa. » Hortense Bufalini avait deux frères, tous deux attachés à la maison Colonna : l’un riche abbé, l’autre chevalier, puis commandeur de Malte, militaire qu’Aubery nous donne comme fort habile dans l’escrime, et qui même en avait fait un traité dédié à Louis XIII sous ce titre : Quel parti doit prendre le vrai cavalier, quand il survient des querelles et des matières d’éclaircissement entre des gentilshommes ?