le plus beau côté des travaux publics. Deux routes de ceinture déploient autour de la colonie le double et parallèle ruban de leur tracé ; elles sont coupées transversalement par un chemin trop imparfait encore et trop isolé, qui fait communiquer, à travers les plaines intérieures, les deux versans de l’île. Des chemins de service ont été pratiqués le long des ravins, dont un petit nombre seulement est resté jusqu’à présent inexploré. Un tunnel en cours d’exécution tente de percer l’énorme montagne de lave qui sépare Saint-Denis de La Possession, obstacle aux relations faciles entre les deux arrondissemens. À l’autre bout de l’île, la coulée de lave, de 13 kilomètres de large, qu’a formée le volcan, a été complètement franchie, et les dégâts qu’occasionne chaque nouvelle éruption sont facilement réparés.
C’est au bord de la mer que les travaux publics, au-dessus desquels plane l’ombre de La Bourdonnais, le célèbre gouverneur, prennent le caractère d’une lutte courageuse contre les difficultés naturelles. Sur les douze rades de l’île, trois seulement ont paru susceptibles d’amélioration : celles de Saint-Denis, de Saint-Paul et de Saint-Pierre ; partout ailleurs la profondeur abrupte de la côte, la ceinture de récifs de corail, les sables et les galets que les vagues rejettent et accumulent, ont fait renoncer à toute entreprise. Même à Saint-Denis, on n’a pu dominer toutes ces forces, aussi puissantes qu’aveugles, et des jetées qui s’avançaient en mer ont été repliées par le flot sur le rivage, comme une barrière que ferme la main de l’homme. On a dû se contenter de ponts qui s’élancent au large sur des pilotis en bois et des colonnes de fer pour faciliter le débarquement des passagers. À Saint-Paul, favorisé d’une rade bien meilleure, un patent-slip, ou cale de halage, est en voie de construction. À Saint-Pierre, un port de commerce, de refuge et de carénage a été décrété : il sera pris en partie sur l’embouchure de la rivière, en partie creusé dans les terres à l’intérieur. On compte pouvoir y réparer les avaries qui forcent aujourd’hui les navires français à se rendre à Maurice, et attirer même, par de meilleures conditions de main-d’œuvre, bien des navires qui attendent longtemps à Port-Louis leur tour de réparation. En même temps, le fret et l’assurance diminueront comme le risque lui-même. Hors de ces trois points, les transports se font au moyen de grandes barques qui viennent charger les récoltes sur la plage malgré la houle, et les font passer sur les grands navires qui mouillent aujourd’hui à Saint-Denis et Saint-Paul, centres principaux d’affaires pour les deux versans de l’île. Ce cabotage ne laisse pas que d’être actif, et le serait davantage, si un navire stationnaire à vapeur faisait lui-même autour de l’île un service de circulation pour porter secours en cas d’accidens. La navigation elle-même, quelque incommode et périlleuse qu’elle soit, compte