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grande. On conçoit donc que la capacité calorifique des gaz augmente avec la température et avec la diminution de la pression. Si l’air des hautes régions présentait le même état calorifique que l’air des lieux bas, un certain poids de ce dernier transporté aux grandes altitudes s’y dilaterait en donnant la même indication thermométrique que le même poids de l’air qui s’y trouve ordinairement répandu, ou, ce qui est l’équivalent, l’air des lieux bas, soumis à une pression égale à celle qui règne dans les régions élevées, ferait monter le thermomètre à la hauteur où il se tient dans ces régions. Or c’est ce qui n’a pas lieu, car l’air des plaines abaissé à la pression barométrique des hautes régions donne une température inférieure à celle qu’elles présentent : donc l’atmosphère des hautes régions, quoique à une température moindre que celle du sol, renferme à poids égal plus de chaleur que celle des lieux bas. Ainsi, tandis que la caloricité relative de l’air diminue, la caloricité absolue augmente, ce qui est l’inverse de ce qui se passe pour l’humidité.

Puisque l’air des hautes régions est plus près que celui des plaines de l’état de saturation, les pluies y doivent être plus fréquentes. Une fois l’air saturé, la plus légère augmentation de pression, le moindre abaissement de température détermine un excès de vapeur qui se précipite sous forme de pluie ; ce phénomène se produit encore si des vents viennent apporter à l’atmosphère déjà presque saturée une nouvelle masse de vapeur. Les Alpes sont la région de l’Europe qui reçoit la plus grande quantité de pluie ; il n’est aucune partie de cette chaîne où la moyenne annuelle de l’eau tombée ne présente un chiffre considérable. L’observation montre que ces pluies sont dues surtout au mélange en grande proportion de masses d’air chaud et froid. Si les Alpes agissaient comme un réfrigérant où viendrait se condenser la vapeur des vents qui soufflent sur leurs cimes, la température de ces montagnes devrait être plus basse que celle de l’air libre à la même hauteur au-dessus de la plaine ; c’est ce qui n’a pas lieu. Déjà les pics isolés fournissent à leur sommet des indications thermométriques moindres que celles de plateaux ou de massifs d’une plus grande altitude. Or, puisque sur les Alpes il tombe plus de pluie que dans la plaine, le phénomène ne saurait être attribué à l’effet condensateur des montagnes. La cause en est donc toute mécanique.

Quand une masse d’air qui se meut vient à rencontrer une masse d’air tranquille, elle s’y mêle en partie et l’entraîne dans son mouvement. Supposons qu’un vaste courant souffle du sud-ouest, il arrive chargé de vapeur ; atteint-il une cime autour de laquelle l’atmosphère est calme, l’air qu’il entraîne se verse dans l’air en repos. Toutefois, si rien n’entrave la marche du courant, sa température ne