Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 27.djvu/980

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la belle apparence, le doux parfum et la saveur sucrée agréable des fruits. Toutes exigent sous notre climat la culture en espalier, l’exposition au sud, des soins analogues à ceux que l’on donne aux chasselas, et particulièrement l’excision d’une partie des grains sur toutes les grappes, toujours trop serrées pour permettre l’égale et complète maturation. L’effeuillage aux approches de la maturité, qui donne accès aux rayons du soleil, et l’ébourgeonnage pratiqué en temps opportun, afin d’éviter une fâcheuse diffusion de la sève, sont au nombre des opérations indispensables pour le succès de la culture des muscats[1]

Les viticulteurs ont formé une tribu des spirans, dont la principale variété, nommée spirangris[2], est originaire du midi de la France, probablement de la commune appelée Aspiran, dans le département de l’Hérault. Ses grappes, de grosseur moyenne, portent des grains ronds ou ovoïdes qui mûrissent en septembre. La couleur des fruits est alors violette ; ils sont recouverts d’un léger duvet qui leur donne une jolie apparence. Ce raisin est sucré, rafraîchissant, doué d’une saveur délicieuse. Une sous-variété de cette vigne est désignée sous le nom de spiran noir, sa couleur violette-brune est plus intense que celle du spiran gris.

Une quatrième tribu, sous la dénomination d’ulliade, rappelle un de nos vignobles méridionaux[3]. C’est un cépage très productif qui

  1. Voici d’ailleurs les dénominations et les caractères distinctifs des six plus intéressantes variétés de muscat cultivées :
    . Muscat blanc ordinaire. Ses grappes, assez volumineuses, cylindriques, présentent des grains serrés, qui, éclaircis à temps, prennent en mûrissant sous les radiations solaires une teinte légèrement ambrée. C’est alors un raisin sucré, succulent, qui, dans nos climats méridionaux, concourt à fournir les moûts qui donnent le vin liquoreux bien connu de muscat Frontignan. — La variété dite muscat d’Alexandrie produit des grappes très volumineuses, à gros grains de forme ovoïde naturellement assez écartés, qui toutefois sous le climat de Paris, même dans les années favorables, n’atteignent qu’en espaliers bien exposés au sud leur maturité complète ; la coloration est alors jaunâtre, légèrement orangée. C’est un fruit d’assez ferme consistance, sucré, doué d’un arôme moins prononcé que celui du muscat ordinaire. — Sous le nom de muscat de Syrie, on désigne une des plus précieuses variétés que l’on puisse introduire dans la culture des jardins aux environs de Paris comme dans les départemens de l’est, de l’ouest et du centre de la France. Cette vigne donne de belles grappes à gros grains ovoïdes, de couleur jaunâtre orangée, doués d’un délicieux parfum, et qui parviennent aisément, dans ces régions, au terme de leur maturité vers la même époque que le chasselas doré. Quant aux variétés nommées muscat rouge et muscat violet, elles n’ont de particulier que la coloration spéciale de leurs fruits, prononcée surtout lorsqu’ils arrivent à maturité. Au contraire la variété dite muscat précoce ou madeleine musquée de Courtiller, cette variété distincte, obtenue par M. Courtiller d’un pépin de la vigne d’Ischia, est remarquable à plusieurs titres : elle donne des fruits excellons, aromatiques et sucrés, qui mûrissent dès la fin de juillet ou durant les premiers jours du mois suivant.
  2. Les synonymes sont : spiran, espiran, aspiran, riberal, riberenc.
  3. Parmi les désignations synonymes de cette tribu, citons celles de ouillade et œillade dans l’Hérault et le Gard, de cinq-saous à Saint-Gilles Gard, boudoulès dans les Pyrénées, milhaud et prunelas Tarn-et-Garonne, motteville noir Haute-Garonne, gros maroquin Charente, œillade bleue. En quelques endroits, on a par erreur adopté pour cette tribu la dénomination d’espagnen.