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des impôts. Tout le monde a applaudi dernièrement au projet présenté en Belgique pour l’abolition des octrois. La diminution des fonctions publiques, conséquence nécessaire de la décentralisation, est naturellement, on le comprend, un des moyens les plus efficaces pour réduire les dépenses improductives de l’état. Ce n’est pas l’occupation qui manquerait assurément à ceux qui végètent jusqu’ici dans d’obscurs emplois. Dans tous les cas, en se soulageant lui-même du fardeau de rétributions absorbantes, l’état pourrait aider à la transition par des concessions de terrains, faciles surtout dans certaines parties de l’Italie telles que la Sardaigne, les Maremmes, où il y a de vastes étendues qui ne demandent que l’emploi d’intelligences et de bras libres. Tout le monde y gagnerait, l’état qui réaliserait une notable économie, la richesse publique qui s’accroîtrait et les concessionnaires eux-mêmes. Je pourrais citer un grand nombre de propriétaires des environs de Pise aujourd’hui très riches, et dont la fortune a commencé avec des parcelles de terre qui leur ont été cédées sous certaines conditions par le gouvernement de Léopold Ier. C’est une question à étudier pour nos hommes d’état.

Enfin on peut ajouter qu’un grand centre administratif et une grande capitale attirent nécessairement une foule d’existences qui dissipent dans le luxe des fortunes considérables. Je me garderai bien de faire la guerre aux grandes capitales là où elles existent. Par cela même qu’elles se sont formées et qu’elles sont en progrès, il faut bien admettre qu’elles ont une raison d’être et que les inconvéniens qu’elles entraînent sont palliés ou surpassés par les avantages qui y sont attachés. Ce n’est pas le cas de l’Italie, où une telle création ne pourrait que paralyser la vie d’un grand nombre de villes importantes, dont chacune aurait des titres égaux à être cette capitale. En évitant la formation d’un de ces grands centres qui dévorent le plus souvent la substance d’un pays, nous restons dans la ligne de nos traditions, de nos goûts, de nos intérêts bien entendus ; nous empêchons une foule d’existences de se dépenser en pure perte dans un foyer d’agitations factices ; nous favorisons sur tous les points du territoire le développement égal et simultané de l’instruction, de l’agriculture, de l’industrie, du commerce, qui ont trop à souffrir de cette déperdition de forces dont une grande capitale est la source et l’occasion.

Je ne fais ici qu’exprimer sommairement quelques idées ; elles se résument, on le voit, dans un mot, la décentralisation, — la décentralisation sous toutes les formes, et tout d’abord dans l’administration, qui fonctionnerait dès lors sans complications, sans perte de temps, librement et à bon marché. Je ne m’occuperai pas de ce qui serait possible dans d’autres pays, mais je suis sûr que tous mes concitoyens éclairés, que tous les hommes qui siègent aujourd’hui dans le parlement national n’hésiteront pas un moment à reconnaître que dans tous les chefs-lieux de province de la Lombardie, du Piémont, de la Toscane, de l’Emilie, il serait possible de former un conseil,