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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/43

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et d’annoncer, avec l’imperturbable confiance des almanachs, des événemens météorologiques certains. Prédire à l’avance des étés froids, des hivers chauds, des perturbations dans les caractères ordinaires des saisons, c’est spéculer un peu trop largement sur la bonhomie et la crédulité du public. Ce n’est que pour un terme très rapproché qu’on peut arriver à prédire le temps, quand on a par une longue observation acquis la parfaite connaissance d’un climat ; encore ne peut-il être question que de probabilités plus ou moins fortes, et jamais de certitude complète. On croit généralement que le baromètre est l’instrument exclusif d’une semblable recherche, qu’il sert surtout à annoncer le beau ou le mauvais temps : cette doctrine est si bien établie, que les divers attributs du temps sont inscrits le long des divisions de l’échelle barométrique. Torricelli avait déjà observé lui-même que le baromètre baisse à l’approche de la pluie, et monte quand le temps se met au beau ; mais cette règle souffre des exceptions. Il faut bien comprendre que le baromètre n’indique jamais qu’un état actuel de l’air, et ne fournit aucune indication absolue sur les modifications qui peuvent s’y opérer. Le mercure monte aujourd’hui, qui peut affirmer qu’il continuera à monter demain, ou me dire s’il reviendra à son ancien niveau ? Il est heureusement un phénomène météorologique dont les indications sur ce point essentiel complètent de la manière la plus heureuse celles que donne le baromètre, c’est le phénomène du vent. En regardant d’où il souffle, on peut, non point avec certitude, la certitude est exclue des spéculations météorologiques, mais avec un grand degré de confiance, annoncer quel sera le changement le plus prochain dans la direction du vent, et en déduire, connaissant l’état actuel du ciel, les changemens qui en résulteront dans le temps. Énoncer une semblable proposition, c’est reconnaître implicitement que les variations de la rose des vents ne sont pas absolument arbitraires et sont soumises à une loi générale.

La découverte de la loi qui règle les vents est la conquête la plus importante que la météorologie ait faite de nos jours. Tout l’honneur en est dû à un savant berlinois, M. Dove, qui depuis de longues années enrichit la science nouvelle par les plus remarquables travaux. C’est dans les ouvrages de cet éminent physicien, dont les études se poursuivent encore aujourd’hui, que la météorologie peut chercher ses meilleurs titres pour prétendre au nom de science, qu’on a quelquefois voulu lui dénier. Expliquons en quoi consiste la loi à laquelle le nom de Dove reste attaché, et qu’on appelle aussi quelquefois la loi de rotation des vents. L’air participe au mouvement de rotation qui emporte la terre autour d’un axe. Nul au pôle, ce mouvement atteint des vitesses de plus en plus fortes jusqu’à l’équateur. Lorsque, par quelque cause particulière, une masse d’air se trouve poussée