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absolutiste en vue de ses relations avec la partie de ses états qui n’est pas scandinave, et à laquelle il ne saurait imposer le gouvernement constitutionnel. Que M. le duc de Glücksbourg opère un jour tous ces miracles, s’il le peut, et le Danemark, redevenu un royaume homogène et purement scandinave, réalisera, par une simple alliance offensive et défensive avec la Suède et la Norvège, celle des formes du scandinavisme qui sacrifierait au salut général le moins de scrupules et le moins d’affections particulières ; mais si l’on persiste à maudire l’arrangement de 1852 et à le croire irrémédiable, il faut donc se résoudre à invoquer quelque remède extérieur. Le plus naturel est d’en appeler de la diplomatie de 1852, qui a évidemment cédé à des influences hostiles au Danemark, à la diplomatie de 1860, qui s’inspirera des vues plus libérales de l’Occident. Seulement les difficultés sont grandes. La question de la succession au trône de Danemark se posera alors de nouveau. Comment la résoudre ? Est-ce M. le duc de Glücksbourg qui acceptera ou qui sera accepté ? Est-ce M. le prince Frédéric de Hesse qu’on ira rétablir dans ses anciens droits ? Évidemment tout cela n’est pas possible. Nous ne disons point que la réunion du Danemark à la Suède et à la Norvège sous un seul et même roi ne soit pas une extrémité à laquelle puissent répugner avec raison les Danois. Un peuple qui sent sa dignité ne se voit pas sans chagrin privé de l’avantage et de l’honneur d’avoir un souverain particulier, qui le représente seul dans les cours étrangères et qui soit le symbole vivant de sa personnalité. En dépit de tous les raisonnemens, le Danemark, état souverain, et dont la partie scandinave est si intelligente et si vivace sous le malheur qui l’opprime, n’abdiquera qu’à la dernière extrémité, nous le savons bien, une partie de ses droits pour conserver l’autre. D’autre part, la diplomatie consentira-t-elle à un remaniement fondamental du Nord ? Permettra-t-elle par exemple que M. le duc de Glücksbourg devienne prince souverain d’Allemagne avec les duchés de Holstein et de Lauenbourg, et que la monarchie de Danemark, y compris le Slesvig, soit définitivement et librement détachée pour entrer désormais dans l’orbite de la nationalité scandinave ? On peut en douter ; la diplomatie ne défait pas facilement ses trames. Alors quel remède ? Les patriotes danois croient-ils qu’il suffirait pour sauver leur pays d’y incorporer le Slesvig en laissant subsister l’union personnelle des duchés allemands ? Espèrent-ils que cela les garantirait de quelque obscur coup d’état, venant un de ces jours rétablir chez eux l’absolutisme ? S’estiment-ils fort à l’abri d’un pareil danger ? Ne pensent-ils pas que l’absolutisme rétabli équivaudrait à l’annexion pleine et entière dans la confédération allemande ? Imaginent-ils quelque issue enfin, et peuvent-ils reprocher bien longtemps au roi Oscar de s’être offert à eux ? L’exemple