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série de résolutions vagues et insignifiantes qui rappellent les droits des communes, mais reconnaissent implicitement le droit qu’avaient les lords de maintenir l’impôt sur le papier. Le discours habile du chef du ministère a justifié au point de vue légal la conduite de la chambre des lords, et a décliné toute pensée de conflit. Le discours de M. Gladstone a été moins heureux. M. Gladstone ; qui ne pouvait pas voter contre son chef a pourtant parlé dans un sens contraire et a reproché maladroitement et amèrement à M. Disraeli et à l’opposition de voter pour les résolutions présentées par lord Palmerston, reproche imprévu venant d’un ministre à l’adresse d’un chef d’opposition. Ce discours n’a pas rendu à M. Gladstone sa popularité perdue. Nous avions remarqué, en analysant son remarquable budget, que M. Gladstone semblait s’être étudié à créer une insuffisance de revenus afin de forcer le parlement à réduire les armemens militaires. L’opinion s’est aperçue de cet artifice et n’a pas pardonné à l’éloquent ministre la violence détournée qu’il1 cherchait à lui faire. Étrange fortune d’un homme si merveilleusement doué, et que l’excès de quelques-unes de ses qualités, l’esprit de système et une subtilité exagérée ; ont plus d’une fois paralysé dans sa carrière ! Tout le monde l’admire et l’applaudit, et il arrive toujours un moment fatal où personne ne veut plus le suivre dans sa marche capricieuse et inquiétante. e. forcade.


REVUE MUSICALE.


François Wild. — Sémiramis à l’Opéra

Au mois de janvier dernier, il est mort à Vienne un artiste de mérite, un chanteur allemand qui a joui d’une assez grande célébrité pendant les quarante premières années de notre siècle. En effet, François Wild a été avec Haitzinger, avec Forti, Vogl, Staudigl, avec Mme Schroeder-Devrient, qui vient aussi de mourirn Mme Milder-Hauptmann et beaucoup d’autres moins connus, l’un des interprètes ; les plus applaudis de la nouvelle école de musique dramatique qui s’est élevée en Allemagne depuis la mort de Mozart. Wild, que i’ai entendu dans ma jeunesse, à Darmstadt où il est resté pendant plusieurs années attaché au théâtre grand-ducal, a été mêlé à beaucoup d’événemens intéressans. Il a connu Beethoven, Weber, Spohr, Spontini, Rossini, qui lui a donné des conseils, et sa vie de virtuose, qu’il a racontée lui-même avec une certaine complaisance, se rattache à une époque brillante de l’art musical. Communiquée à un journal de Vienne (Recensionen) peu de jours avant sa mort, l’autobiographie de Wild nous a paru renfermer des détails assez piquans pour mériter d’être recueillis.

François Wild est né le 31 décembre 1792 à Nieder-Hollabrun, village de la Basse-Autriche. Resté seul de vingt et un enfans, Wild apprit les pre-