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depuis le départ du grand-duc, M. Salvagnoli, membre de la consulte d’état, a annoncé que le gouvernement grand-ducal, au lieu d’un excédant de 85,100 lires, avait laissé un déficit de 10 millions provenant de la dette flottante. Nonobstant ce fait, dont l’exactitude n’a pas été démentie, et bien que les dépenses publiques aient été, comme nous le verrons bientôt, plus considérables que ne l’indiquent les chiffres déjà cités, on ne peut s’empêcher de reconnaître que sous le rapport financier le Piémont avait tout à envier à la Toscane : on conçoit ainsi les regrets que la perte de l’autonomie inspire à quelques esprits ; on approuve la mesure prise par le gouvernement du roi Victor-Emmanuel d’avoir conservé à l’ancien grand-duché une sorte d’existence séparée.

L’administration du duché de Parme témoignait au même degré de la sagesse de l’autorité souveraine. Sous la duchesse-régente, les finances étaient singulièrement prospères. Le duché de Parme contient 112 milles carrés géographiques, et renferme 500,000 habitans. En 1857, les recettes s’élevaient à 9,553,000 fr., et les dépenses à 9,379,000. En 1858, on avait obtenu encore un léger excédant, maintenu également pour 1859. La dette publique s’élevait à 10 millions 1/2 ; mais l’état possédait pour plus de 20 millions de propriétés. L’amortissement, dont la dotation fut en 1858 augmentée de 50,000 fr. pris sur la dotation royale, assurait le remboursement régulier de ces obligations, contractées le plus souvent pour des améliorations réelles. On peut citer, entre autres, la création de l’académie des beaux-arts et la réorganisation de l’université à Parme, l’installation d’une école supérieure à Plaisance, et d’écoles inférieures dans toutes les communes. En outre, l’établissement d’un bureau de statistique sur de grandes proportions, la multiplication des filatures, les encouragemens donnés à l’industrie de la soie, attestaient la sollicitude du gouvernement pour les besoins matériels des populations. Une institution toute particulière au duché de Parme, et dont l’origine est récente, a caractérisé merveilleusement les dispositions du pouvoir. Les sociétés d’assurances ont toutes été abolies, et on leur a substitué une association obligatoire et mutuelle de tous les propriétaires, gérée gratuitement par six juntes administratives qui chaque année ont rendu un compte public de l’association. Enfin, à Parme comme en Toscane, l’armée, si l’on peut donner ce nom à des forces militaires destinées à maintenir exclusivement la sécurité intérieure, l’armée comptait 1 soldat sur 100 habitans[1]. Pour suivre la même proportion, l’armée fran-

  1. 5,000 dans le duché de Parme sur 500,000 habitans, comme en Toscane 17,000 hommes sur 1,800,000 habitans.