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italien offre des rapprochemens auxquels on ne peut se soustraire, et qu’il faut présenter au gouvernement piémontais lui-même.

Depuis que nous avons énuméré les embarras intérieurs et les charges financières de l’Autriche, ni les uns ni les autres n’ont diminué. Le chiffre de la dette, le déficit annuel des budgets, la permanence du papier-monnaie, le cours des fonds publics, sur lequel se mesure le crédit de l’état, enfin le poids des taxes de toute nature, tels étaient les points divers dont l’examen successif avait permis de déterminer au juste la situation financière de l’empire. Or la dette s’est encore accrue du malencontreux emprunt de 200 millions de florins, émis en mars 1860, repoussé par tous les capitalistes étrangers, et couvert à peine pour moitié par des établissemens publics, souscripteurs de gré ou de force. La dette autrichienne consolidée, qui montait au {{1er janvier 1858 à 2 milliards 88 millions de florins, s’élève aujourd’hui à 2 milliards 122 millions, nonobstant l’extinction de 184 millions de florins qui appartenaient à l’amortissement, et qu’il fallait déduire du total de 1858. La commission nommée pour examiner tout ce qui a rapport à la dette publique s’est bornée à signaler le vice du système des émissions successives qui ont créé cent-une espèces d’obligations à seize taux d’intérêts différens. Elle a exprimé le vœu qu’on rétablît quelque unité dans ces titres divers ; le ministre des finances s’y est opposé, en alléguant qu’on ne pourrait le faire sans accroître la somme à payer pour des intérêts dont le montant annuel exige déjà 113 millions 1/2 de florins. Toute l’amélioration obtenue s’est bornée à un récent motu proprio de l’empereur, qui s’est engagé à ne pas contracter d’emprunt, à ne pas augmenter les impôts sans avoir demandé l’avis du Conseil de l’empire, sauf dans le cas de guerre ou de circonstances graves. Le déficit du budget, que, faute de renseignemens officiels, nous avions évalué, pour chacune des deux avant-dernières années, à 42 millions de florins, s’est élevé en 1858 à 87,700,000 florins, en 1859 à plus de 120 millions. En dix ans, le déficit s’élève à 1 milliard 63 millions de florins, malgré les ressources extraordinaires des emprunts et des aliénations de domaines de l’état. Ces chiffres sont ceux que la commission gouvernementale a donnés ; ils ont une cruelle éloquence. Dans le budget présenté pour 1861, le déficit prévu s’élève encore à 40 millions de florins ou 100 millions de francs ; mais ce n’est là qu’une prévision : pour réduire à 339 millions le budget des dépenses, il a fallu supposer une réduction de 38 millions 1/2 de florins sur le budget de la guerre. Or, avec les armemens que nécessite l’état de la Vénétie, les augmentations de la marine, les travaux pour les fortifications des places du quadrilatère, on se demande ce qui adviendra des intentions d’économie.