Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/1000

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre 1860.

Les dernières résolutions de la politique piémontaise ne pouvaient laisser la France indifférente et désintéressée : elles touchaient directement nos sentimens à cause, de la présence d’un certain nombre de nos compatriotes parmi les troupes pontificales, notre politique à cause de la présence de nos propres troupes dans la capitale des états de l’église. Une seule de ces circonstances, la dernière surtout, suffisait pour nous imposer la nécessité d’avoir une opinion française sur les effets de la nouvelle évolution du Piémont, et d’adopter une conduite française par rapport à la situation nouvelle qui se développait. Il y a longtemps que l’on a remarqué cette faculté d’assimilation qui est propre au génie français dans ses rapports avec les autres peuples, et l’oubli que le Français fait de soi lorsqu’il porte une attention passionnée aux efforts et aux luttes d’une nation étrangère. Nous avons été tour à tour Américains, Polonais, Hellènes, Espagnols, Italiens, avec une ardeur qui a fait souvent oublier à un grand nombre d’entre nous la limite précise où pouvait s’arrêter l’intérêt français dans ces grandes causes des nationalités. On a quelquefois blâmé comme un travers national cet entraînement auquel nous sommes si accessibles. Dieu nous garde d’aller jusque-là : dans les erreurs généreuses, ce qui nous touche, c’est bien plus la noblesse du sentiment qui passe la mesure que l’infirmité du jugement qui se laisse égarer. Invoquerions-nous en vain pour nous-mêmes un peu de cette indulgence dont nous sommes si peu avares envers les autres, et serions-nous, par aventure, réduits à demander grâce pour avoir, sous le coup d’une émotion française, discuté la position que faisaient à la France à Rome les derniers événemens d’Italie ?

L’heure de cette émotion est passée, et nous avons exprimé le regret que nous inspiraient les douloureux événemens que l’on n’a pas voulu ou su prévenir. Notre première tâche est maintenant d’essayer de deviner quel est le caractère de l’attitude que la France, représentée par son gouvernement,