Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la guerre d’Afrique, le combat de Malah, où le premier et le plus habile des lieutenans de l’émir perdit son armée et la vie. Le combat de Malah fut livré en novembre 1843 par un de ces généraux que Mazarin désignait sous le nom d’heureux, le général Tempoure. Sorti de Mascara à la poursuite des restes de l’infanterie de l’émir, que ce dernier avait confiée au commandement de Ben-Allal-si-Embarek, le général Tempoure marchait sans trop de chance de l’atteindre. Ben-Allai, en pleine retraite, cherchait à gagner El-Gorr, au sud-ouest de Tlemcen, où il devait opérer sa jonction avec Abd-el-Kader. Arrivé à Assi-el-Kerma, le général français y campa avec huit cents hommes d’infanterie, trois pièces d’artillerie, et le 2e et le 4e chasseurs. Il leva bientôt ses tentes, et se dirigea sur Tamsert. Là, les restes d’un bivouac récemment abandonné lui donnèrent à soupçonner qu’il était sur la trace de l’ennemi ; des traces de bestiaux, de bêtes de somme, ne lui laissèrent plus aucun doute sur la direction prise : le général Tempoure se remit en route, et sa colonne, à travers une pluie battante, gagna Aïn-Bouchegara, où elle établit son bivouac. Deux Arabes que l’on venait d’arrêter apprirent au général que Ben-Allai avait couché la veille à cinq lieues du point où il se trouvait lui-même. La pluie continuait à tomber avec violence ; le terrain détrempé était presque impraticable. Le général n’en tint compte, et continua sa marche. À la pointe du jour, le 11 novembre 1843, après une marche de nuit où ni les torrens grossis par la pluie, ni les ravins, ni les forêts qu’il fallut traverser, ne purent ralentir l’ardeur de nos braves soldats, une forte fumée, sortant d’un bois à l’origine de la vallée de l’Oued-Malah (qui a donné son nom à ce combat), leur apparut enfin, et fit tressaillir tous les cœurs. L’ennemi était là ! Tant de courage et de persévérance allait enfin recevoir sa récompense. Bientôt une vedette ennemie tira un coup de fusil, et courut à toute bride donner l’alarme dans le camp de Ben-Allal ; mais le colonel Tartas, à la tête des 4e et 2e de chasseurs, prit le trot et se trouva, un instant après, devant le front de Ben-Allal, qui, rangeant ses troupes en bataille, attendait bravement l’orage. Lancés par leur brave colonel, les chasseurs tombèrent sur cette infanterie, la culbutèrent, et le carnage devint terrible ; tous les drapeaux restèrent en leur pouvoir. On sait que Ben-Allal, témoin de la défaite de ses troupes, ne voulut pas survivre à sa honte, et qu’il trouva la mort dans une lutte héroïque contre le capitaine Cassaignoles, suivi de deux brigadiers de chasseurs et d’un sous-officier de spahis. L’émir perdit en Ben-Allal son meilleur ami, le compagnon fidèle de sa fortune, le plus habile et le plus intrépide de ses lieutenans. Le maréchal Bugeaud, qui savait honorer le courage même chez son ennemi, ordonna que les honneurs