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LA SYRIE
ET
LA QUESTION D'ORIENT

I.
LA SYRIE

La politique française ou, pour mieux dire, la politique de l’humanité a pris le dessus en Orient. Les défiances des cabinets ont été forcées de céder à la vivacité du sentiment qui éveillait d’irrésistibles échos dans les cœurs de tous les peuples chrétiens. Après quelques hésitations qui n’ont fait que rendre plus évidente encore l’inévitable nécessité de l’intervention européenne en Syrie, la diplomatie a enfin signé les protocoles qui ont donné la liberté d’action à nos vaisseaux et à nos soldats. La France peut être à bon droit fière du rôle qu’elle remplit. Il y a dans la mission que l’Europe vient de lui confier un hommage public rendu non-seulement à notre puissance, mais, ce qui vaut mieux encore, à notre caractère. Il y a aussi une réparation pour les attaques injustes qui ont été si souvent dirigées autrefois contre notre système de guerre en Afrique. La conduite des Algériens d’Abd-el-Kader, des fils de ceux qui coupaient jadis la tête à leurs prisonniers chrétiens après les avoir fait périr dans les plus cruelles tortures, vient de prouver au monde que ce n’est pas sans profit pour leur moralité que les Arabes ont subi le contact de nos soldats. L’Europe a semblé comprendre aussi que la France était