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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/734

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1860.

Ce n’est point, hélas ! à la légère qu’à propos de cette invasion des états pontificaux, qui n’était alors qu’une menace, nous disions, il y a un mois, aux Italiens : « Ménagez l’honneur de la France, ménagez des Français illustres, ménagez les sentimens français. » Nous redoutions pour les Italiens bien plus que pour nous le choc où ils allaient rencontrer les volontaires français de la petite armée pontificale, commandés par un de nos généraux les plus glorieux et les plus aimés. Nous redoutions la situation si pénible qu’ils allaient faire à la France tenant garnison dans Rome. L’épreuve que nous signalions d’avance est arrivée en des circonstances plus douloureuses, avec des conséquences plus graves encore que nous ne l’avions prévu. Ce ne sont pas les volontaires garibaldiens, — la lutte eût été moins inégale, — c’est l’armée du Piémont, une armée régulière et six fois plus nombreuse que la sienne, que le général Lamoricière a eu à combattre. Ce n’est pas l’assaut d’un parti révolutionnaire que subit le pouvoir temporel de la papauté ; c’est un gouvernement sans comparaison plus puissant que celui du pape qui décrète arbitrairement à lui tout seul, devant les autres états du monde, la suppression de ce pouvoir, et qui accomplit cette suppression par la force irrésistible de ses armes, sous les yeux de notre garnison de Rome. Nous le disons avec une sincère douleur, mais c’est un fait aujourd’hui irréparable, et il ne faut pas que les Italiens feignent de l’ignorer : l’audace rusée du Piémont, non moins que les aveugles rodomontades de Garibaldi, a porté aux sentimens de la France une cruelle blessure.

Pense-t-on par hasard à Turin que chez les Français, dont les sympathies et l’appui moral ont du prix, on ait vu sans un serrement de cœur les dures extrémités où la surprise de l’agression piémontaise a poussé le général Lamoricière et les Français qui s’étaient enrôlés sous la bannière pontificale,