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sentiment universel. Mais sur quels faits repose l’établissement de ces règnes? Quelles différences les séparent et quels rapports les unissent?

Constatons d’abord qu’il faut grouper à part les corps célestes. Pour qui considère dans son ensemble l’univers, ou mieux le peu que nous en connaissons, on sait ce que deviennent les mondes. Qu’ils s’appellent étoiles, soleils ou planètes, comètes ou satellites, ils ne nous apparaissent plus que comme les molécules d’un grand tout dont les plus subtils calculs, l’imagination la plus ardente, ne sauraient sonder l’étendue. Entre ces myriades d’astres, il existe certains rapports, et ces rapports sont plus multipliés qu’on ne le supposait naguère. Si dans notre tout petit système solaire les satellites tournent autour de leurs planètes, et les planètes autour de notre soleil, celui-ci est de même emporté dans l’espace vers la constellation d’Hercule avec une vitesse que la science espère bientôt déterminer. Sans doute il tourne autour d’un centre que connaîtront les générations futures. Dans notre ciel, les deux soleils de la même étoile double tournent l’un autour de l’autre, et peut-être notre nébuleuse tout entière, avec tous les soleils de notre firmament, gravite-t-elle aussi vers quelque centre inconnu caché dans les profondeurs de l’infini. Pour être déterminés par des lois mathématiques, les orbes de tous ces mondes n’en présentent pas moins des irrégularités. En vertu même de la force qui les meut, les astres réagissent les uns sur les autres, et le calcul des perturbations a enseigné aux astronomes que, pour être séparés par des millions de lieues, ces astres n’en sont pas moins, dans certaines limites, solidaires les uns des autres.

Pour déterminer et régler tous ces mouvemens, pour établir cette solidarité, qu’a-t-il fallu? Une force unique venant contre-balancer l’inertie de la matière. L’attraction seule suffit à mettre en jeu le merveilleux ensemble des mondes répandus dans l’immensité. Tous ces mondes sont d’ailleurs autant de corps bruts. Identiques par leur nature, soumis à une seule force partout la même, et ne présentant par conséquent que des phénomènes du même ordre, ils constituent évidemment, par rapport à nous, un groupe des plus naturels, bien distinct de celui que forment les autres corps bruts, simples matériaux de notre globe terrestre. Aussi quelques naturalistes, et en particulier l’illustre de Candolle, les ont-ils mis à part dans un règne spécial, — le règne sidéral, — et nous adopterons cette division, qui nous paraît pleinement justifiée.

Quittons maintenant les espaces célestes et redescendons à la surface de notre globe. Là aussi on retrouvera l’attraction. Elle a seulement changé de nom, et on la connaît sous le nom de pesan-